les Rainettes x-signées : un danger pour les espèces locales
encore une espèce introduite qui menace la faune locale de la Guadeloupe
Des hôtes indésirables transportés par les matériaux et les plantes.
Après les escargots achatines et les cigales invasives voici qu'arrivent les rainettes X signées, des grenouilles envahissantes découvertes en 2003 par l?herpétologue Michel Breuil. D'après l'étude de prospection systématique que nous avons réalisée courant avril 2005 et les données récoltées depuis, ces grenouilles en provenance d'Amérique du Sud, sont en pleine expansion en Grande-Terre : de Saint-Francois à Pointe-à-pitre, en passant par Sainte-Anne, Gosier, Moule, Morne à l'Eau, Abymes ; du littoral à l'intérieur des terres ! . Nous l'avons trouvée dans les milieux anthropisés (maisons, jardins, prairies pâturées, ...) mais aussi, fait plus inquiétant, dans des habitats naturels (bois et ravines des grands-fonds, forêt marécageuse, marais,)
La rainette X signée a probablement été introduite en Guadeloupe depuis le milieu des années 90, par des matériaux de construction (bois de Guyane par exemple). Ensuite, elle a pu profiter du transport de matériaux pour les constructions à l'intérieur de l'île et surtout de l'essor des pépinières, pour étendre sa répartition à travers toute la Grande-Terre. Elle est maintenant signalée en Basse-Terre : Sainte-Rose (Sofaia), Goyave, ...
Une menace pour nos grenouilles endémiques
Les rainettes X signées sont de même taille (environ 5 cm) que nos grenouilles locales les plus communes, appelées hylodes de la Martinique, mais en réalité endémiques de la Martinique, la Dominique et la Guadeloupe. Ce sont ces grenouilles arboricoles en forêt mais bien familières de nos cuisines et salles de bains où elles chassent divers insectes (moucherons, moustiques, petits papillons, cafards?). Les Rainettes peuvent rentrer en compétition avec elles pour la nourriture et le territoire comme l'hylode de Johstone introduite dans les années 60 et qui ne cesse de gagner du terrain sur l'hylode de la Martinique ce qui en fait une espèce presque menacée d'après l'UICN(L'Union Mondiale pour la Nature).
Quant aux deux espèces endémiques de La Basse-Terre, l'hylode de Pinchon et l'hylode de Barlagne, déjà considérées en Danger de disparition par L'UICN, leur état de conservation pourrait dramatiquement s'aggraver si les rainettes parvenaient à s'introduire dans les forêts humides de la Basse-Terre. Les envahisseuses pourraient même leur transmettre un champignon cutané mortel. Ce champignon est d?ailleurs incriminé dans le déclin de nombreuses de espèces de grenouilles des forêts humides de la Caraïbe, notamment les grosses Montain chicken de la Dominique (Leptodactylus fallax) en danger critique de disparition, il y a peu, encore prisées pour la qualité gustative de leur chair.
Reconnaître les rainettes invasives
Ø Elles ont un X sur le dos (deux parenthèses inversées)
Ø Elles ont les pattes arrière palmées dont sont dépourvues les grenouilles locales (doigts libres qui leur vaut leur nom de genre latin Eleutherodactylus)
Ø comme les crapauds elles ont des phases aquatiques. Elles pondent leur oeufs dans des points d’eau (mares, bidons , …) où se développent leurs têtards alors que les hylodes sont affranchies du milieu aquatique et pondent leur œufs au sol. De l’oeuf sortira directement une grenouille miniature de 5 mm à peine.
Ø Elles sont capables de sauts impressionnants : plus d’un mètre.
Publication scientifique sur hylidés invasifs dans les Antilles par Michel Breuil et béatrice Ibéné. Téléchargez l'article : ICI