Une excellente nouvelle
pour la Biodiversité de la Guadeloupe :
Découverte d'une colonie de Pélicans bruns (Pelecanus occidentalis)
en nidification
La découverte :
Nous venons de redécouvrir le Pélican brun (Pelecanus
occidentalis) comme nicheur en Grande-Terre. Ces dernières semaines, 4 jeunes de 2 à 6 semaines ont été observés au nid en
compagnie de leurs parents. Cette petite colonie nicheuse est installée sur une des falaises de la Grande-Terre.
Contrairement aux apparances le pélican brun nidifie très rarement en Guadeloupe !
Les dernières mentions de nidification en colonie de cet oiseau marin en Guadeloupe continentale remontent
au 17ième siècle. Les observations récentes sont rarissimes et elles ne concernent qu’un seul couple chaque fois (un nid, un petit) :
- une nidification d'un couple à Grand Ilet - Les Saintes en 1984
(Benito-Espinal)
- une nidification d'un couple en
1996 à la plage caraïbe de Pointe-Noire (AEVA) non retrouvé par Leblond malgré prospection de la zone dans le cadre de son étude.
Aucune donnée publiée ne mentionne de nidification en
Grande-Terre depuis 1900. Plus loin, dans les îles du Nord, une petite colonie 18
couples a été observée en 2000 sur l'ilet Bonhomme(Saint-Barthélemy) par Gil Leblond mais elle aurait déserté le site
depuis.
Une espèce
menacée : le Pélican brun fait partie des espèces d'oiseaux marins nicheurs les plus menacées en Guadeloupe !
Malgré une
fréquentation des côtes antillaises en hausse depuis l'arrêt de la commercialisation du DDT - un insecticide qui s’accumulait dans les tissus des individus -, les populations de Pelecanus occidentalis
occidentalis (sous espèce des Antilles) sont actuellement considérées comme menacées à l'échelle de la Caraïbe et critiques au sein des Petites Antilles, en tant que nicheur.
Les effectifs
de nicheurs estimés dans la zone sont faibles :
Caraïbe : 6 300
Antilles: 1 500
République Dominicaine : 500 couples
Petites
Antilles : 50 couples
Le dérangement est actuellement la principale menace qui pèse sur l’espèce
Le Pélican brun est une espèce peu farouche sur ses sites de pêche et de repos mais en revanche très sensible au dérangement quand elle est en
nidification. Les difficultés rencontrées par les reproducteurs pour trouver des sites pérennes et sécures de nidification expliquent la raréfaction des colonies nicheuses dans les
Antilles.
L'urbanisation galopante du littoral guadeloupéen et son hyperfréquentation notamment pas
les engins nautiques (bateaux moteurs,scooters de mer, ... ) dissuadent donc les reproducteurs de nidifier sur nos côtes.
Ainsi, alors qu’ils trouvent leur pitance dans les eaux calmes et peu profondes de la
Guadeloupe, les reproducteurs préfèrent aller à des centaines de kilomètres pour installer leur nid et élever leur progéniture en toute quiétude. Les plus proches colonies nicheuses sont sur
l’île de Barbuda.
Comment réhabiliter le Pélican brun en
Guadeloupe ?
Le retour du Pélican brun comme nicheur en colonie sur la Guadeloupe
continentale est une bien entendu une excellente nouvelle pour la biodiversité de la Guadeloupe et des Petites antilles. Cette découverte témoigne du rôle primordial que
peut jouer la Guadeloupe dans la restauration de cette espèce emblématique dans les Antilles.
En effet, le cas de cette nidification en colonie ajouté à la relative
abondance d'individus en plumage nuptial que nous observons régulièrement depuis quelques années, la fréquentation régulière de colonies sur toute la côte sud de la Grande-Terre (pêche, dortoirs)
et la présence de sites encore favorables, laissent à penser que l'installation d'autres colonies nicheuses est tout à fait possible.
Nous avons donc l'espoir de voir se
réinstaller l'espèce comme nicheuse régulière notamment en Grande-terre, comme "autrefois" ......avant qu'elle ne soit victime d'une chasse outrancière.
C'est pourquoi nous souhaitons que se mette en place une
réelle volonté politique et institutionnelle ainsi qu'une adhésion franche de la population de favoriser ce retour.
RESTAURER CETTE ESPECE HYPERSENSIBLE AU DERANGEMENT EST L'AFFAIRE DE TOUS !!!
Nous proposons quelques pistes de réflexion :
- identifier les sites favorables
- réglementer la pratique et les distances aux côtes des engins nautiques dans le perimètre des dortoirs; faire appliquer la réglementation
existante concernant les engins moteurs. Ces derniers étant fréquemment sources de collisions.
- geler la création de port de pèche et/ou plaisance tout le long de la côte sud (le récent de port de l'anse Dumont àsaint-félix Gosier est un
facteur très négatif à la nidification du Pélican brun)
- dissuader la pèche à la ligne sur les secteurs favorables. La pratique concentrée de celle ci générant de nombreux cas d'ingestion d'hameçons.
Accidents dont risquent d'être encore d'avantage victimes les jeunes à peine volants.
- interdire l'accès aux côtes par la mer au niveau des sites favorables : périmètre d'au moins 100 Mètres
- interdire la chasse à proximité des dortoirs (par exemple la Grande saline du Gosier...) .....
- maitriser l'errance des carnivores sur les sites favorables repérés
...
AIDEZ- NOUS à PRESERVER LE PELICAN BRUN
en tant que nicheur en Guadeloupe
FAITES-NOUS PART DE VOS OBSERVATIONS !!
lasfa@wanadoo.fr
Béatrice Ibéné, Mustapha Bousalem et Christian Pentier.
photo d'un jeune de 4-5 semaines prise en
digiscopie (APN à travers une longue vue au grossissement 60) à une centaine de mètres de distance.