Encore une espèce introduite en pleine expansion en Guadeloupe :
Lepidodactylus lugubris (Duméril and Bibron, 1836)
L'archipel guadeloupéen connait l'expansion d'une nouvelle espèce de reptiles récemment introduite, un geckonidé (famille des mabouyas) Lepidodactylus lugubris. Il ressemble à l'Hémidactyle mabouia (Hemidactylus mabouai) introduit lui, depuis le commerce trianguaire, et considéré maintenant comme une espèce patrimoniale.
Observé pour la première fois aux Abymes en 2010 (1), ce petit gecko a été de nouveau observé en 2011 aux Abymes (1) et à Sainte-Rose (2), puis en 2012 toujours à Sainte-Rose (2) et à Pointe-à-Pitre (3). Cette année l’espèce a été observée sur le même site de Sainte-Rose (2) mais également au Gosier (3).
Si l'origine de son arrivée en Guadeloupe sera difficile à déterminer, son installation sur les îles de Basse-Terre et de Grande-Terre est maintenant établie.
Il est possible que cette nouvelle espèce soit arrivée avec des matériaux ou végétaux d’importation comme le typhlos brame, un petit serpent invasif (serpent des pots de terre) et les rainettes Scinax x signées d'Amérique du Sud.
Toutefois, ce gecko, prisé par les collectionneurs amateurs de NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie), facile à élever, robuste, à grande longévité, et en vente dans les animaleries spécialisées pour une vingtaine d’euros a tout aussi bien pu s'échapper d'un terrarium !
Comment le reconnaitre ?
C'est un petit gecko d'une longueur de 10 cm (dont près de la moitié pour la queue). De couleur crème fauve, avec sur le dos et les flancs des taches et marbrures brunes plus ou moins marquées. Le dessous du corps est beige. Une bande faciale brune plus ou moins marquée part du museau jusqu’aux épaules. Elle peut se prolonger en bandes dorsolatérales chez les individus les plus marqués.
D'où vient- il ?
Il est naturellement répandu sur la région Indo-Pacifique.
Il a été introduit sur les côtes Pacifiques de l’Amérique centrale (Smith et Grant, 1961; Schauenberg 1968 ; Henderson et al. 1976; Kraus, 2009; Uetz 2011), depuis 2007 il est signalé sur les côtes caribéennes du Panama, du Surinam (Bauer et al 2007) et en Guadeloupe (1)(2)(3)(4) .
Ses habitats de prédilection
Il habite naturellement les zones de faible altitude, les mangroves, les zones côtières et anthropisées. On le trouve souvent dans les milieux perturbés ou complètement artificiels en zone littorale où il va profiter des éclairages artificiels pour la capture de ses proies. Généralement nocturne, il se cache la journée dans les anfractuosités, sous l’écorce des arbres, les palmes de cocotiers ou les filaos. Il peut ponctuellement avoir une activité diurne.
Son mode de reproduction facilite son expansion rapide
C'est une espèce parthénogénique . Elle se reproduit à partir d'un gamète femelle non fécondé. Les femelles sont territoriales et les affrontements territoriaux ne sont pas rares avec des poursuites. Les femelles dominantes repoussant les plus petites des zones les plus propices à l’alimentation. Les individus territoriaux sont capables de vocaliser. Leurs cris consistent à des séries de sons courts ressemblants à tchik.
C’est une espèce assez prolifique, la ponte généralement par séries de deux œufs mous est collée à un support quelconque avant de durcir. Ce quifacilite le transport des oeufs. Plusieurs femelles peuvent pondre dans les mêmes fissures ou systèmes racinaires. L’incubation dure environ 2 mois.
L'ASFA surveille le caractère invasif (expansion, interactions et impacts sur les autres espèces, ...) de cette nouvelle espèce exotique envahissante sur notre archipel.
Rapplelons-le, l'introduction d'espèces exotiques est une cause majeure de fragilisation et de disparition des espèces insulaires, singulièrement des espèces endémiques !
Faites-nous part de vos observations:
lasfa@wanadoo.fr
Références :
-Bauer et Sadlier, The new Caledonian herpetofauna, 2000.
-Beate Röll. Sauria, Suppl., Berlin, 2002, 24 (3): 545-550
- (1) Lorvelec O., Levesque A. and Bauer A. M. - First record of the Mourning Gecko (Lepidodactylus lugubris) on Guadeloupe, French West Indies. Herpetology Notes, volume 4: 291-294 (2011)