L'Association BirdsCaribbean qui regroupe tous les ornithologues de la Grande région Caraibe, interpelle les autorités guadelouopéenennes et françaises sur la situation des pélican brun en Guadeloupe et singulièrement sur l'abandon de la colonie nicheuse de la Ville du Gosier
Depuis 2020 en effet il n'a plus de Gran gosyè nichant dans la ville qui porte le nom de cet oiseau emblématique !!!!
Monsieur le Maire du Gosier, Madame la Directrice de la Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement, Madame la Directrice de CAR-SPAW, Madame la Présidente de l’Office Français de la Biodiversité, Monsieur le Directeur des Outre-Mers, Madame la directrice du Parc National de la Guadeloupe, Monsieur le Président du Parc National de la Guadeloupe, Monsieur le Président du CSRPN de Guadeloupe, Monsieur le Directeur général de la Ligue pour la Protection des Oiseaux, Mr. Director of BirdLife Americas,
BirdsCaribbean est extrêmement préoccupée par l’abandon en 2020, 2021 et 2022 de la colonie de nidification de pélicans bruns du Gosier, en Guadeloupe, suite à des dérangements prolongés.
BirdsCaribbean est extrêmement préoccupée par les dérangements répétés de pélicans bruns (Pelecanus occidentalis) nicheurs ayant eu lieu au Gosier, en Guadeloupe, ces dernières années. Ces dérangements ont provoqué l’abandon de cette importante colonie de reproduction durant les saisons de reproduction 2020-2021 et 2021-2022. Les autorités responsables doivent agir pour arrêter et prévenir tout dérangement, et assurer le retour en nidification lors de la saison 2022-2023. Ceci aura des bénéfices économiques et pédagogiques pour la commune du Gosier. Dans les Caraïbes, les pélicans bruns nichent rarement dans des zones urbaines : malgré tout, la colonie ayant subi les dérangements n’est qu’à quelques pas de deux écoles et d’une médiathèque, dans une ville qui prend son nom de ces mêmes pélicans !
Pour la première fois depuis 2007, les pélicans bruns n’ont pas niché à la colonie du Gosier en 2020-2021 et 2021-2022, une information que l’Association pour la Sauvegarde de la Faune des Antilles (ASFA) a partagé avec BirdsCaribbean dès novembre 2020. Des visites effectuées par des gardes du Parc National de la Guadeloupe en décembre 2020, et par l’Association AMAZONA en janvier 2021 ont confirmé l’abandon de ce site de nidification. Des visites de l’ASFA début 2022 ont montré que les pélicans n’avaient pas re-niché en 2021-2022.
Le pélican brun a été éradiqué de Guadeloupe au cours du XIXième siècle par la chasse et la persécution. Des effectifs limités ont niché sur l’archipel en 1984 et 1996 mais l’espèce n’a recommencé à nicher de façon permanente qu’en 2007. Cette même année, des nids avec des poussins étaient découverts à la colonie du Gosier. De quelques nids en 2010-2011, cette colonie a ensuite gagné en taille pour atteindre, à son maximum, 117 nids en 2016-2017, utilisant alors une grande partie des falaises spectaculaires du Boulevard Amédée Clara. Ceci en faisait l’une des colonies de nidification les plus grandes des Petites Antilles. Elle abritait autant de couples nicheurs que les trois autres colonies recensées en Guadeloupe combinées, et était alors la plus grande colonie de cette espèce dans les Antilles françaises. La ville du Gosier prend justement son nom du “gwan gosyé”, le nom créole du pélican brun. Cet oiseau majestueux est aussi l’emblème de la ville et, en conséquent, il apparaît sur de nombreux bâtiments et monuments.
"En annonçant, en 2007, que nous avions découvert une colonie de pélicans bruns, qui plus est, dans la ville du Gosier, nous pensions susciter une mobilisation des décideurs pour que ce retour de l’espèce en tant que nicheuse sur l’Archipel guadeloupéen soit un succès. L’abandon de la colonie sonne le glas d’une pleine reconquête de l’espèce.”
Association pour la Sauvegarde et la réhabilitation de la Faune des Antilles
Malgré sa présence familière sur nos côtes, la population caribéenne du pélican brun est toujours considérée comme à risque dans la région. Elle est aussi listée comme strictement protégée au titre du protocole SPAW, protocole dont la France est signataire. En Guadeloupe, les pélicans bruns nicheurs sont listés comme Vulnérables sur la Liste Rouge des Espèces Menacées de France et sont protégés par l’Arrêté du 17 février 1989. En vertu de cet arrêté, toute forme de destruction, capture ou enlèvement de cet oiseau marin, de ses œufs ou de son nid est interdite.
Dès 2014, l’ASFA a alerté les autorités françaises compétentes des potentiels conflits qui pourraient découler de l’expansion de la colonie de nidification du Gosier, mais l’administration n’a pris aucune mesure. Au contraire, les dérangements intentionnels envers les pélicans bruns nicheurs se sont accélérés. L’ASFA a d’ailleurs informé BirdsCaribbean que, au fil des ans, des personnes ont été observées en train de jeter des pierres sur les nids, depuis le haut et le bas des falaises, de manière délibérée et régulière ; des travaux de démolition juste au-dessus de la colonie avaient dérangé les pélicans à plusieurs reprises au commencement de la nidification ; et la végétation sur laquelle les nids étaient construits avait été coupée ou dégradée avant ou pendant la saison de reproduction. L’Arrêté du 17 février 1989 rend illégal la destruction et la mutilation des pélicans, de leurs poussins et de leurs oeufs, mais il ne les protège pas des dérangements (accidentels ou intentionnels), et ne protège pas non plus leurs sites de reproduction et de repos de destructions intentionnelles.
L’incapacité de la France à limiter ces menaces à l’encontre d’une espèce protégée est en partie le résultat de son incapacité à réviser l’Arrêté du 17 février 1989. BirdsCaribbean exhorte donc les autorités françaises à finaliser la révision de l’Arrêté du 17 février 1989 afin de véritablement offrir l’entière protection de la loi aux oiseaux de la Guadeloupe que cet arrêté prétend protéger. Par ailleurs, la colonie de pélicans bruns du Gosier n’a pas reçu la protection des autorités françaises, en directe opposition avec le protocole SPAW qu’elles ont pourtant signé et ratifié, et malgré le fait que les bureaux du Centre Régional d’Activité qui supervise la mise en application dudit protocole se trouvent en Guadeloupe .
“Cet échec est un bon exemple : la révision de la réglementation nationale devrait être la priorité de la France. Il serait aussi facilement réalisable de compenser les pertes survenues sur la colonie du Gosier en protégeant l'îlet Rousseau, un terrain public à fort potentiel non seulement pour les pélicans mais aussi pour les Frégates.”
Association pour la Sauvegarde et la réhabilitation de la Faune des Antilles
BirdsCaribbean regrette que la colonie du Gosier, qui est située face à la médiathèque et aux écoles du Boulevard Amédée Clara, n’ait pas reçu une considération appropriée de la part des autorités locales d’une ville qui emprunte fièrement son nom au pélican brun. Nous regrettons, par ailleurs, que cette opportunité pédagogique et économique ait étée négligée : avec des bonnes intentions et des soutiens adaptés, l’espèce qui prête son nom à la ville aurait pu transformer un “conflit de voisinage” entre humains et faune sauvage en une source de fierté pour la petite ville du Gosier.
La colonie de pélicans bruns du Gosier était un joyau de la faune des Caraïbes, autant appréciée par les locaux que par les visiteurs, mais elle n’existe plus : il n’a fallu que quelques actes déplacés pour la détruire. Par conséquent, BirdsCaribbean demande au gouvernement français et aux administrations locales de :
1) enquêter et documenter ce qui est arrivé à la colonie de pélicans bruns du Gosier en 2020-2021 ;
2) de mettre en place un plan d’action pour éviter qu’une tragédie similaire ait lieu en 2022-2023 et dans le futur ;
3) de suivre les zones où les pélicans bruns pourraient revenir et nicher, afin d’assurer leur protection ;
4) de développer des programmes pédagogiques à destination des communautés locales, afin d’inspirer de la fierté pour l’espèce qui prête son nom à la ville et de montrer qu’elle mérite notre protection ;
et 5) de finaliser la révision de l’Arrêté du 17 février 1989 et de s’assurer qu’une législation appropriée soit en place pour protéger la faune sauvage des dérangements et des destructions.
En attendant de recevoir de vos nouvelles rapidement, je vous remercie pour votre assistance.
Respectueusement,
Lisa Sorenson, Executive Director, BirdsCaribbean
&
Adrianne Tossas, President, BirdsCaribbean
__________________________
Lisa Sorenson, Ph.D.
Executive Director, BirdsCaribbean
Boston, MA
(508) 333-8587 (mobile)
Skype: Lsoren
www.birdscaribbean.org | www.caribbeanbirdingtrail.org