extrait du rapport :
Ø Conservation
La Sérotine de la Guadeloupe est une espèce rare d’après les inventaires par captures aux filets en Guadeloupe continentale : 3/331 captures en 1989 ; 1/ 329
en 1992 ; 3/243 en 2000 ; 0/274 en 2006.
Du fait de sa très faible répartition mondiale (Basse-Terre), de sa faible fréquence de capture et de son écologie (milieux forestiers dont certains non protégés), L’UICN place
cette espèce parmi les espèces En Danger EN B1+2C.
La Sérotine de la Guadeloupe est menacée par la déforestation et la fragmentation des habitats forestiers (bois et forêt mésophiles et inondées).
Cette grosse insectivore est sans doute aussi menacée par l’usage excessif des pesticides notamment des organochlorés (dieldrin, chlordécone) en milieux
forestiers et lisières qui peuvent non seulement diminuer la quantité des proies mais également contaminer la chaine alimentaire et se concentrer à chaque niveau trophique
(bioamplification).
Il est probable que la sérotine concentre ainsi les insecticides contenus dans ses proies. Phénomène de bioaccumulation démontré chez d’autres espèces de la famille,
en particulier chez une espèce proche et de même poids qu’Eptesicus guadeloupensis : E. fuscus. O’Sheat et al. (2000) ont trouvé dans certains organes de
cette sérotine dont le cerveau des taux élevés de métaux lourds et d’organochlorés (DDT, Dieldrin). Or, certains de ces produits ont été largement employés en Guadeloupe (DDT, HCH,
Lindane, …) et se retrouvent en grande quantité dans les eaux de source (Bonan & Prime., 2001) et dans certains organismes (Bouchon & Lemoine, 2003). Des pesticides organochlorés et
pyréthrinoïdes, rémanents et bioaccumulables sont encore trop volontiers utilisés notamment par la l’agriculture, la spéculation bananière et l’élevage.
L’accumulation de tels polluants chimiques dans l’organisme des mammifères (cerveau, gonades, foie, pancréas,…) peut entraîner une mortalité directe ou d’importantes
perturbations des fonctions endocriniennes avec des répercussions entre autres, sur la reproduction, et l’immunité.
L’absence de capture d’Eptesicus guadeloupensis en 2006 dans les milieux où elle avait été capturée des années auparavant à la même période nous apparaît très
préoccupante d’autant qu’elle est présente dans le sud Basse-Terre région fortement touchée par la pollution aux organochlorés comme en témoigne le rapport de Bonan et Prime
(2001).
Cette espèce prioritaire doit bénéficier dans les années à venir d’études spécifiques :
· identification acoustique
· prospection acoustique dans les stations où elle
avait été capturée afin d’objectiver son apparente raréfaction
· prospection acoustique dans les forêts
littorales inondées.
· prospection acoustique générale à la Basse-Terre
puis plus largement
· effort de capture ciblé suivant les résultats de
la prospection acoustique
· radiopistage (milieux trophiques et gîtes
diurnes)