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Faune Guadeloupe

Faune Guadeloupe

Site officiel de L'ASFA : L'Association pour la Sauvegarde et la réhabilitation de la Faune des Antilles

Publié le par asfa
Publié dans : #Etudes ASFA, #Reptiles, #Scinques, #Lézards, #Espèces menacées en Guadeloupe, #endémiques
Scinque Mabuya sp découvert par Baptiste Angin à Terre -de-Haut, les Saintes fin 2014

Scinque Mabuya sp découvert par Baptiste Angin à Terre -de-Haut, les Saintes fin 2014

Premières observations de scinques Mabuya sp. sur les îles des Saintes (Archipel de la Guadeloupe)

La découverte

L’un de nous (Baptiste Angin)  a eu l'heureuse surprise d’observer un scinque en novembre sur l'île de Terre-de-Haut aux Saintes.

Aussi, une nouvelle prospection a été programmée deux semaines plus tard. Et ce ne sont pas moins de 5 individus différents qui ont pu être observés et photographiés. Ce, sur une superficie d’à peine 1 200 m2 ! En revanche, des recherches complémentaires alentours  n’ont pour l’instant pas permis de mettre en évidence d’autres noyaux de population.

Si cette découverte a de quoi ravir autant les scientifiques naturalistes, c’est que les scinques sont devenus très rares en Guadeloupe !

Les scinques étaient sans doute autrefois communs et répandus sur l'ensemble des îles de notre archipel. Malheureusement, c’était avant. Avant l’introduction de redoutables prédateurs auxquels les scinques n’avaient jamais été confrontés au cours de l’évolution naturelle : mangoustes, chats errants, rats noirs, poules,  … Avant  la dégradation continue de leurs habitats naturels notamment par les déboisements étendus, le surpâturage par les petits ruminants - nombreux en divagation sur les îlets et  îles du sud -, et l’usage excessif des pesticides.

On présume que les scinques ont disparu de Grande-Terre, Basse-Terre, de Marie-Galante. Et plus récemment, de l'îlet Cochon.

Actuellement, les seules populations connues encore existantes sont celles des îles de la Désirade et de Petite Terre (Breuil, 2002; Lorvelec et al. 1998 ; Lorvelec 2011 ; Hedges & Conn, 2012 ; Pare & Lorvelec, 2012 ; Gomès & Ibéné, 2013).

Historiquement la présence de scinques aux Saintes n'avait jamais été prouvée. On retrouve dans la littérature une seule mention pour Terre-de-Bas faite par Schwartz (1967) mais cette donnée a été considérée comme erronée jusqu'alors par les herpétologues contemporains (confusion avec Terre de Bas de Petite Terre). Depuis, alors que les Saintes constituent des îles souvent visitées par des naturalistes, aucun scinque n’y avait été observé et aucun témoignage d’habitant n’en avait fait état.

Néanmoins, il était permis d’espérer sa présence car ces îles sont exemptes de mangoustes, le plus redoutable prédateur de l’herpétofaune antillaise. Ce sont d’ailleurs les dernières îles de l’Archipel guadeloupéen où les couresses (couleuvres) y sont encore assez communes. Alors que les autres couleuvres de la Guadeloupe ont disparu ou sont en danger critique d’extinction : la Petite Couresse, (Erythrolamprus juliae , ex Liophis juliae) et la Grande Couresse de Guadeloupe  (Alsophis antillensis), la Couresse des Saintes (Alsophis sanctonum), respectée par la plupart des habitants, elle, ne semble pas en danger d'extinction, tout au moins à Terre-de -Bas.

Quelques temps après, lors d'une nos prospections sur Terre-de-Bas dans le cadre de l’étude que mène L’ASFA sur les Reptiles rares de l'Archipel guadeloupéen, nous avons pu obtenir une preuve de la présence de l'espèce sur cette île ! En effet, un habitant conserve un spécimen prélevé dans son jardin il y a 5 ans.

Mais là, plusieurs autres séances de recherche sur le terrain ont été infructueuses. Ce qui nous fait craindre que ce noyau de  population soit déjà au bord de l’extinction.

Pour ces deux îles, ces données sont les premières mentions de la présence de scinques sur l'archipel des Saintes. Bien que l’observation des scinques est réputé difficile, l’absence de données sur ces îles malgré le passage d’un grand nombre de naturalistes, laisse à  penser que ces populations sont très localisées, en faible effectif, et par conséquent, menacées de disparition.

 

Nouvelle population d’une espèce déjà décrite ou une nouvelle espèce ?

 

Maintenant que la présence du Scinque est avérée sur les îles des Saintes, reste à en déterminer l’espèce. Il s'agit là d'un autre problème.

En effet, dans un passé récent, toutes les populations de scinques en Guadeloupe comme dans une grande partie des Petites Antilles faisaient partie de la même espèce Mabuya mabouya (Lacépède, 1788). En 2012, des scientifiques herpétologues américains, Hedges et Conn, ont proposé une nouvelle classification du genre basée pour la Guadeloupe sur l’analyse morphologique de quelques individus. Ils proposent ainsi de scinder les populations guadeloupéennes en cinq espèces : Mabuya desiradea pour l'île de La Désirade et les îlets de Petite Terre, Mabuya cochonae pour l'Ilet Cochon, Mabuya grandisterrae pour l'île de Grande-Terre, Mabuya guadeloupae pour l'île de Basse-Terre et Capitellum mariagalantae pour Marie-Galante.

Ainsi l'isolation géographique des îles aurait donné naissance à une espèce à part entière sur chaque île. Nous nous retrouverions en Guadeloupe avec 5 nouvelles espèces endémiques (de chaque île). Et 4 d’entre elles auraient disparu !

La dernière en date, celle de l'îlet Cochon (petite île de 25 hectares située dans le Petit Cul-de-Sac Marin) n'a pas été retrouvée malgré plusieurs prospections (Breuil, 2002 ; AEVA, com. pers. 2013 ; L'ASFA, 2014). L'hypothèse la plus plausible de sa disparition est la prédation par la population férale de chats implantée sur l’îlet (abandons délibérés ou en relation avec les habitations sur l'île). Si l’espèce y subsiste, elle serait en danger critique d’extinction. 

Pour les Scinques des Saintes, les observations de terrain et l'analyse des photographies prises confirment leur appartenance au genre Mabuya. En revanche, il nous est aujourd'hui impossible de déterminer de quelle espèce il s'agit par la simple observation des caractères morphologiques.

Est-ce une des 5 espèces décrites par Hedges et Conn en 2012 ? Est-ce l’espèce connue à la Dominique ? Est-ce l’espèce mère Mabuya mabuya ? Est-ce une espèce commune à toutes les îles de l’Archipel guadeloupéen ? Ou alors,  est-ce une nouvelle espèce pour la science qui serait endémique du banc des Saintes, la 6ième espèce de scinques de la Guadeloupe ?

Il faut relever que l'herpétofaune des Saintes montre que ses représentants sont pour la plupart, des espèces à part entière, différentes de celles du "continent". C’est le  cas pour la Couresse des Saintes (Alsophis sanctonum), le Sphérodactyle des Saintes (Sphaerodactylus phyzacinus) et l’Anolis des Saintes (Ctenonotus terraealtae). Toutes ces espèces sont endémiques aux Saintes. Autrement dit, elles sont présentes aux Saintes et nulle part ailleurs au monde !

Le juge de paix sera sans doute la génétique. Afin de préciser la taxinomie des scinques des Saintes, nous projetons donc de mener une étude moléculaire avec le concours d’un spécialiste français de la phylogénie des scinques en partenariat avec les services de l'Etat.

 

A peine découverte, cette population apparaît menacée

 

Quoi qu’il en soit, l’avenir des  populations de scinques des Saintes est très incertain. Des menaces sur les habitats où subsistent des individus sont identifiées et il y a urgence à les  réduire drastiquement.

 

Parmi les mesures qu’il conviendrait d’ores et déjà de mettre en œuvre on peut citer :

  • la préservation de tous les habitats où la présence de scinques a été notée,
  • une gestion raisonnée des populations de chats errants et divagants (prise en charge par des Associtations de Protection Animale, stérilisation, sensibilisation des propriétaires,..),
  • campagnes de piégeages de rats,
  • gestion des cabris et poules en divagation,
  • proscrire tout traitement pesticide dans les zones à scinques
  • surveillance étroite de toute arrivée d’espèce exotique envahissante (notamment la petite mangouste indienne)

 

Il va sans dire que tout projet d’aménagement dans ces zones devra scrupuleusement prendre en compte les populations  de scinques.

 

Baptiste Angin, Régis Gomès et Béatrice Ibéné 

 

AIDEZ-NOUS à mieux les connaître !!!

En l’état actuel, les Scinques font partie des espèces les plus menacées de la Guadeloupe.  Endémiques, elles ont une très grande valeur patrimoniale. Si ces espèces venaient à disparaitre ce serait une perte définitive pour la Guadeloupe mais également pour la biodiversité mondiale.
Il n'est pas à exclure que des reliquats de populations de scinques subsistent en Basse-Terre et en Grande-Terre. En effet, comme le montre la découverte aux Saintes,  l'espèce peut se faire très discrète de la communauté naturaliste et scientifique.

 

Vous pouvez participer à la connaissance et à la sauvegarde
de ces espèces patrimoniales
en nous faisant part de vos observations :
Contactez l'ASFA 
par mail : lasfa@wanadoo.fr
ou à défaut, par téléphone au  0690 50  72 32 

 

 

Scinques de  la Désirade (Mabuya desiradea)  photographié à Petite Terre en haut (R. Gomès) et à la Désirade  (B. Ibéné
Scinques de  la Désirade (Mabuya desiradea)  photographié à Petite Terre en haut (R. Gomès) et à la Désirade  (B. Ibéné

Scinques de la Désirade (Mabuya desiradea) photographié à Petite Terre en haut (R. Gomès) et à la Désirade (B. Ibéné

 

Que sont ces lézards dorés, les scinques ?

 

Des lézards  qui brillent

Les scinques sont des lézards terrestres de taille moyenne de 20 à 25 centimètres queue comprise, plus gros que les Anolis mais plus petits que les jeunes iguanes. Ils peuvent être confondus avec d’autres lézards terrestres, les gymnophtalmes qu’on appelle « chauffé soley». Mais ils sont plus grands, plus épais, de couleur plus claire et montrent une bande foncée sur les flancs.  

On reconnaît les scinques à leur corps presque cylindrique et brillant. Leur queue est plus longue que le corps. Ils présentent une couleur bronze métallique sur le dessus et les flancs. Une ligne noire caractéristique partant des narines traverse les yeux puis les flancs et s’estompe au niveau des pattes arrières. Le dessous du corps est crème.

Selon l’exposition, et la réflexion de la lumière ils apparaissent de couleur dorée ou cuivrée. Raison pour laquelle ils sont appelés par certains « lézards dorés ». D’autres dans les îles du nord où existe un autre genre, leur préfèrent le nom de « couleuvre batarde » car ces lézards ont de courtes pattes et ne sont pas très visibles lorsqu’ils s’enfuient. Leurs grands yeux et leur regard très expressif captent l’attention de l’observateur.

L’observation des scinques est difficile. Elle requiert beaucoup de patience et une grande discrétion. Ce sont des animaux plutôt farouches et qui ne sortent qu’aux heures les plus chaudes de la journée.

 

Des prédateurs d’insectes

Les scinques consomment des insectes qu’ils chassent essentiellement au sol, dans la litière, les chaos rocheux, …. Ils peuvent également rechercher leurs proies en prospectant le long des troncs d’arbre ou dans entrelacs de racines aériennes.

Des reptiles évolués

Une caractéristique des scinques assez originale dans la classe des reptiles est leur reproduction vivipare. Les femelles donnent directement naissance à des jeunes, contrairement à la plupart des reptiles qui pondent des œufs.

 

Scinque (Mabuya sp) photographié à  Terre-de-Haut, les Saintes  (crédit : B. Ibéné) -

Scinque (Mabuya sp) photographié à Terre-de-Haut, les Saintes (crédit : B. Ibéné) -

Attention tout lézard brillant n'est pas un scinque !
Les scinques peuvent être confondus avec les chauffé soley 

 

Les gymnophtalmes sont aussi des lézards terrestres brillants qui sortent au plus chaudes heures de la journée (10-15h). On les appelle "chauffé soley".

Le Gymnophtalme d'Underwood (Gymnophtalmus underwoodiest une espèce exotique en pleine expansion en Guadeloupe. Il est devenu très commun à la différence de nos scinques endémiques, rares et très localisés. 

Il est plus petit que nos scinques : 6-8 cm maximum. De couleur bronze, les gymnophtalmes brillent au soleil mais sont dépourvus de la bande noire latérale caractéristique des scinques. Ils ont les pattes très courtes et se déplacent en serpentant au sol sur la litière.

 Dans le doute, n'hésitez pas à prendre des photos
et à nous les envoyer à cette adresse

 

gymnophtalmes d'Underwood appelés "chauffé soley". A ne pas confondre avec les scinques. (Photos : R. Gomès (h); K.Questel (b))
gymnophtalmes d'Underwood appelés "chauffé soley". A ne pas confondre avec les scinques. (Photos : R. Gomès (h); K.Questel (b))

gymnophtalmes d'Underwood appelés "chauffé soley". A ne pas confondre avec les scinques. (Photos : R. Gomès (h); K.Questel (b))

Références 

 

  •  Hedges B. & Conn C.E., 2012. A new skink fauna from Caribbean islands [Squamata, Mabuyidae, Mabuyinae], Zootaxa, 3288 : 1-244 
  • Lorvelec O., Barre N. & Pavis C. 2012. Les dernières populations de Scinques dans les Antilles françaises : état des connaissances et propositions d'actions. Rapport AEVA n°35 , Octobre 2012. 35 pp.
  • Miralles A, Carranza S, 2010. Systematics and biogeography of the neotropical genus Mabuya, with special emphasis on the Amazonian skink Mabuya nigropunctata (Reptilia, Scincidae). Molecular Phylogenetics & Evolution, 54(3): 857-869.
  • Miralles A, Rivas Fuenmayor G, Bonillo C, Schargel WE, Barros T, Garcia-Pérez JE & Barrio-Amoros CL, 2009. Molecular systematics of Carribean skinks of the genus Mabuya (Reptilia, Scincidae), with descriptions of two new species from Venezuela. Zoological Journal of the Linnean Society, 156: 598-616.
  • Miralles A, Barrio-Amoros CL, Rivas G & Chaparro-Auza JC, 2006. Speciation in the "Várzéa" flooded forest: a new Mabuya (Squamata: Scincidae) from Western Amazonia. Zootaxa, 1188: 1-22
  • Breuil M., 2002.  Histoire Naturelle des Amphibiens et Reptlies tesrrestres de l'archipel Guadeloupéen. Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélémy. Patrimoines Naturels, 54 : 339 p.

 

Notes

  • Paré T. et Lorvelec O., 2012. Mabuya desiradae (Désirade Skink). Conservation. Caribbean herpetology, 38:1. 

 

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Publié le par asfa
Publié dans : #Oiseaux des Zones Humides, #Oiseaux de Mer, #Etudes ASFA
Le lieu magnifique de l'observation : la Grande Rivière à Goyaves  (crédit photo : R. Gomès et B. Ibéné).Le lieu magnifique de l'observation : la Grande Rivière à Goyaves  (crédit photo : R. Gomès et B. Ibéné).

Le lieu magnifique de l'observation : la Grande Rivière à Goyaves (crédit photo : R. Gomès et B. Ibéné).

Balbuzards pêcheurs caribéens Pandion haliaetus ridgwayi ( crédit photo : dfaulder et Matthieu Sileo)   Balbuzards pêcheurs caribéens Pandion haliaetus ridgwayi ( crédit photo : dfaulder et Matthieu Sileo)

Balbuzards pêcheurs caribéens Pandion haliaetus ridgwayi ( crédit photo : dfaulder et Matthieu Sileo)

 

Première observation exaltante d'un couple

de Balbuzards pêcheurs caribéens

Pandion haliaetus ridgwayi

 

C'est ce dimanche 15 février, que nous avons pu faire cette observation au cours d'une sortie nautique réalisée par L'ASFA dans le cadre du suivi consacré essentiellement au Pélican brun (dont nous suivons le retour en tant que nicheur en Guadeloupe depuis une petite dizaine d'années). Mais bien sûr un oeil attentif est également porté aux autres oiseaux marins et de zones humides .

 

Le Balbuzard

Le balbuzard pêcheur est également appelé aigle pêcheur, mais aussi chez nous Gligli Montagne. Avec son mètre soixante d'envergure, c'est le plus grand rapace qu'il nous est permis d'observer en Guadeloupe.  Il chasse dans les eaux cotières et dans les zones humides (mangrove , étangs , rivières, ...).
 

Mais Il y a balbuzard et balbuzard !

En effet, si le balbuzard pêcheur s'observe régulièrement sur notre archipel, jusqu'alors les observations rapportées étaient toujours celles d'individus de la sous-espèce nord américaine Pandion haliaetus carolinensis .

 

L'observation...

Alors que nous naviguons sur la Grande Rivière à Goyaves non loin de son embouchure, balbuzards en vue !

Et comme à chaque fois, grande attention est portée aux signes distincitifs.

Et là, pour la première fois en 15 ans d'observation pour l'ASFA : nous observons un couple caribéen !

Le première individu, sans doute un mâle, qui vole droit devant est petit et très clair : ventre, poitrine et tête sont entièrement blancs. Aucune tache sur la poitrine et pas l'ombre d'un quelconque bandeau noir traversant l'oeil. A cet instant on comprend que nous avons au-dessus de nous un balbuzard de la sous-espèce caribéenne P. h. ridgwayi. Celle qui nichait chez nous au temps des Amérindiens et qu'aucun ornithologue comtemporain n'a observé depuis en Guadeloupe.

La femelle derrière, plus imposante présente une poitrine et un ventre tout aussi blancs. Nous ne pouvons observer le dessus de sa tête, en revanche, elle possède un bandeau foncé au travers de l'œil comme chez la sous-espèce nord-américaine. 

 

Le Balbuzard pêcheur caribéen Pandion haliaetus ridgwayi

Cette sous-sespèce autrefois largement répandue dans les Caraïbes a vu son aire de nidification se réduire fortement, nififiant aujourd'hui des Grandes Antilles jusqu'au Bélize. Quelques essais de nidification sont rapportés des Îles Vierges, de Puerto Rico et de Sainte-Lucie où elle a nidifié en 2006.

Elle est irrégulièrement vue aussi à la Barbade, à la Dominique, à la Martinique et jusqu'à Sainte-Lucie.

Nous avons bien recueuilli quleques témoignages de nidification du Balbuzard ces 20 dernières années en Guadeloupe mais aucun d'entre-eux n'a pu être prouvé. Quelques signes plus précis depuis l'an passé, nous laissent à penser que l'espèce pourrait de nouveau s'installer en Guadeloupe.

Mais quelle sous-espèce sera la première à nicher ?  P. h. ridgwayi ou P. h. carolinensis ?

Cette dernière est un hôte régulier en Guadeloupe, où les individus nichant au nord du continent américain viennent chaque année passer l'hiver sur le littoral et les rivières des îles de la Caraïbes et de l'Amérique du sud. Les individus immatures restent sous nos latitudes un peu plus longtemps et peuvent être vus toute l'année. Ils regagneront leur pays d'origine lorsqu'ils seront assez mûres pour se reproduire, vers l'âge de 3 ans.

 

 

 

Livrez- vous à un exercice de science participative !

Faites-nous faire part de toute observation d'oiseaux nicheurs

(nids, balbuzard transportant une branche, ...)

lasfa@wanadoo.fr

tel : 0690 50 72 32 

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Attention, le Balbuzard pêcheur comme tous les grands rapaces

est extrêmement sensible au dérangement sur son aire de nidification.

Il est recommandé de ne pas approcher à moins de 300 mètres de son nid

et surtout de ne pas y rester longtemps ! 

 

 

Béatrice Ibéné, Nathalie Serrand, Fabienne Issaly et Régis Gomès

 

 

 

Fabienne, Nathalie et Régis de L'ASFA  (crédit photo B . Ibéné)

Fabienne, Nathalie et Régis de L'ASFA (crédit photo B . Ibéné)

Autre source d'émerveillement lors de cette sortie : de somptueuses Grandes aigrettes (Ardea alba) en parade nuptiale (photo: R.Gomès)

Autre source d'émerveillement lors de cette sortie : de somptueuses Grandes aigrettes (Ardea alba) en parade nuptiale (photo: R.Gomès)

et lors d'une petite pause aquatique en PMT : un superbe et très zen barracuda et un trop joli poisson coffre mouton (crédit photos : R. Gomès) !et lors d'une petite pause aquatique en PMT : un superbe et très zen barracuda et un trop joli poisson coffre mouton (crédit photos : R. Gomès) !

et lors d'une petite pause aquatique en PMT : un superbe et très zen barracuda et un trop joli poisson coffre mouton (crédit photos : R. Gomès) !

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Le Tribunal Administratif suspend la chasse de la Grive à pieds jaunes

COMMUNIQUE DE PRESSE COMMUN ASPAS /ASFA : 

Deux associations stoppent enfin la chasse en Guadeloupe
d'un oiseau mondialement menacé :
la Grive à pieds jaunes (Turdus lherminieri

Par une ordonnance du 11 décembre 2014, le Tribunal Administratif de Basse-Terre, saisi par L’ASFA (L’Association pour la Sauvegarde et la réhabilitation de la Faune des Antilles) et l’ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages), a suspendu en urgence la chasse de la Grive à pieds jaunes en Guadeloupe, espèce menacée inscrite sur les listes rouges nationale et mondiale de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).

 

Enfin. Depuis dix ans, l’ASFA alertait régulièrement les pouvoirs publics sur le mauvais état de conservation de cette grive. En vain. Cette espèce est pourtant classée « Vulnérable » par l’UICN, ce qui signifie que ses populations présentent un risque élevé d’extinction. Cette espèce endémique des Petites Antilles possède une aire de répartition mondiale très restreinte, puisqu’elle n’est présente que sur 4 îles (Montserrat, Guadeloupe, Dominique, et Sainte-Lucie d’où elle aurait récemment disparu). Elle n’existe nulle part ailleurs au monde ! Ses populations sont d’autant plus sensibles aux prélèvements et autres perturbations. C’est pourquoi, l’espèce bénéficie d’une protection légale forte sur son aire de répartition sauf en Guadeloupe où l’État français en autorise la chasse[1].

 

Le code de l’environnement prévoit que la chasse d’une espèce peut être interdite « en vue de la reconstitution des populations ». Ces dernières années, la préfète de la Guadeloupe avait consenti à fixer un nombre maximum de spécimens à prélever par chaque chasseur. Mais ce "quota" trop élevé était inadapté au statut de l'espèce et ne bénéficiait en outre d'aucun moyen de contrôle.

 

Nos associations, l’une antillaise et l’autre métropolitaine, se félicitent de leur travail commun, qui oblige  les représentants de l’État en Guadeloupe à mieux préserver cet élément exceptionnel et irremplaçable de notre patrimoine naturel. En effet, il est de leur devoir de veiller à ce que la chasse soit correctement encadrée et adaptée au statut des espèces, en premier lieu les plus fragiles.

 

Le combat continue en Guadeloupe, où l’on chasse toujours sans Schéma Départemental de Gestion Cynégétique approuvé, où les soi-disant Prélèvements Maximaux Autorisés (PMA) sont sans dispositif obligatoire de marquage des animaux, sans système de poinçonnement, et sans objectif précis... bref, illégaux en tous points !

 

 

[1] Et même sa destruction puisque la préfète de Guadeloupe avait également autorisé son abattage dans les zones contaminées par le chlordécone, tout en interdisant sa consommation. Au risque d’anéantir toute possibilité de restauration des populations de grives contaminées par ce pesticide organochloré perturbateur endocrinien et reprotoxique chez les oiseaux.

 

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Dear Colleagues of the Caribbean,


I have the great pleasure to announce that the judge of interim relief of Basse-Terre, Guadeloupe (French West Indies) has suspended hunting of the endangered Forest Thrush (Turdus lherminieri ). This was brought about by the lobbying from naturalist associations ASPAS and ASFA.

Until now, Guadeloupe Island, a French territory with pro-hunting history, remained the only island to permit hunting of the Forest Thrush. The Forest Thrush is endemic to only four islands of the Lesser Antilles ( Montserrat, Guadeloupe, Dominica and St. Lucia - where it has not been seen for 4 years). It is classified as Vulnerable by IUCN and is on both global and local endangered species red lists.

In addition, recent studies have shown that the Forest Thrush is affected by the environmentally persistent pesticide chlordecone, an organochlorine endocrine disruptor, reproductive toxicant and carcinogen. Despite all this, the Guadeloupe prefect has authorized 2,600 hunters to hunt in one season more individuals than the total population in Guadeloupe!

This is a great victory, as it has been 10 years since the Association ASFA began the fight for full legal protection of this species in Guadeloupe and attaining the same protection afforded on other islands. We hope that this judgment will lead the Minister of Ecology to make the decision to permanently ban hunting of this precious species, as required by the SPAW ratified by France in 2002.

Any initiatives and support that can help further our cause and the protection of the Forest Thrush are welcome !

Thank you all. And long live the Forest Thrush !

 

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Pour aller plus loin : 

 

Saisi par les associations naturalistes ASPAS et L’ASFA , le Tribunal Administratif de Basse-Terre a suspendu par ordonnace du 11 décembre 2014, ce jusqu’au jugement de fond la chasse de la Grive à pieds jaunes (Turdus lherminieri) sur toute la Guadeloupe.

Cette espèce endémique de 4 îles seulement des Petites Antilles (Montserrat, Guadeloupe, Dominique et Sainte Lucie ) est classée menacée sur les liste rouges UCIN mondiale et nationale (Guadeloupe) dans la catégorie "VULNERABLE" c'est à dire confronté à un risque élevé d'extinction.

De plus, ces statuts ont été établis avant que soient connues l’imprégnation par le Chlordécone (perturbateur endocrinien également reprotoxique chez les oiseaux et carcinogène) et sa probable disparition de Ste Lucie (pas d’animaux vus depuis plus de 3 ans ) .

Malgré tout cela, la préfète (comme ses prédécesseurs) avait autorisé la chasse de la grive par les 2 600 chasseurs de Guadeloupe de plus d’oiseaux que ne compte la population totale estimée. Et ce, en méconnaissance de plusieurs dispositions réglementaires et sans base légale pour les dits PMA. Mais surtout en violation de l’article 10 du protocole SPAW devenu loi internationale en 2000 et ratifié par la France en 2002. Il stipule que chaque partie doit accordée aux espèces menacées le statut d’espèce protégée.

 

" Article 10    Mesures nationales de protection de la faune et de la flore sauvages

1. Chaque Partie doit identifier, dans les zones relevant de sa souveraineté, de ses droits souverains, ou de sa juridiction, les espèces végétales et animales menacées ou en voie d'extinction, et accorder á ces espèces le statut d'espèces protégées. "

 

La France est le seul pays qui n’a pas accordé à cette espèce sub endémique et menacée le statut d’espèce protégée. En effet, dans les 3 autres îles, elle bénéfice d’une protection légale intégrale. 

L’Etat a même autorisé les chasseurs à abattre les grives de la zone dite du" croissant bananier" juste pour satisfaire le pur plaisir des chasseurs, de tuer, puisque que la  consommation en est interdite du fait de leur contamination par le chlordécone, au risque d’anéantir ainsi toute possibilité de résilience des populations touchées.

Pour l’ASFA, cette décision du Tribunal administratif constitue une réelle victoire d'étape déterminante dans ce combat mené depuis plus de 10 ans par l'association pour la protection légale intégrale de cette espèce. Nous remercions tous ceux qui nous ont soutenu dans cette démarche et particulièrement, les signataires de notre pétition consacrée à la grive à pieds jaunes. 1000 mercis à L'ASPAS qui a accepté de mener ce combat avec nous ! 

Il restait 9 jours de chasse de cet oiseau avec un PMA (incontrôlable) de 4 oiseaux/chasseur/ jour de chasse (mais sans nombre définit de chasseurs). Grâce à cette décision, ce sont plusieurs milliers de grives qui seront sauvées .... si les chasseurs respectent l'interdiction et si les services de police réalisent les contrôlent qui s'imposent !

Nous allons continuer ce combat jusqu'à ce que la France accorde à cette espèce le statut qu'elle mérite : celui d'une espèce protégée ! 

Crédit Photo : Stéphane Morin. parti trop tôt et a qui nous dédions cette victoire !

Crédit Photo : Stéphane Morin. parti trop tôt et a qui nous dédions cette victoire !

ordonnance du TA de Basse-Terre du 11/12/2014 donnant droit à la demande de l'ASPAS et l'ASFA

UICN France, MNHN, AMAZONA, AEVA, ASFA & ONCFS (2012). La Liste rouge des espèces menacées en France - Chapitre Oiseaux de Guadeloupe. Dossier électronique.

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Publié le par asfa
Publié dans : #Oiseaux de Mer, #Etudes ASFA, #Oiseaux des Zones Humides, #Photos oiseaux marins, #Pélican brun
crédit photo : Régis Gomès

crédit photo : Régis Gomès

Suivi de la reproduction de la colonie de Pélicans bruns (Pelecanus occidentalis occidentalis) du Gosier (Guadeloupe, Antilles françaises) saison 2013/2014 - L'ASFA - Août 2014 

Monitoring of reproduction in 2014 of the colony of Brown Pelican (Pelecanus occidentalis occidentalis) in Le Gosier (Guadeloupe, French West Indies).

 

 

Téléchargez l'article de L'ASFA : ICI 

 

R. Gomès et B. Ibéné, 2014. Suivi de la reproduction de la colonie de Pélicans bruns (Pelecanus occidentalis occidentalis) du Gosier (Guadeloupe, Antilles françaises) saison 2013/2014. L'ASFA - Août 2014 

Crédit : Régis Gomès

Crédit : Régis Gomès

I - Historique de la nidification du Pélican brun en Guadeloupe

Le Pélican brun semblait être un nicheur commun en Guadeloupe au 17ème siècle. Suite à une chasse outrancière réalisée aux 18 et 19ème siècles, il disparut de nos îles comme oiseau nicheur. Il devint rare à observer jusqu’au milieu du 20ème siècle.

Les années 1990 virent un renouveau des populations dans la Caraïbe. Cette dynamique positive combinée à sa protection intégrale en Guadeloupe est à l’origine de l’augmentation des observations dans l’archipel guadeloupéen.

Ces trente dernières années quelques cas isolés de tentatives de nidification sont cités : - nidification d'un couple à Grand Ilet - Les Saintes en 1984 (E.Benito Espinal) - nidification d'un couple en 1996 à la plage Caraïbe de Pointe-Noire (AEVA)

Puis vinrent les installations de deux colonies de reproduction dans les années 2000 :

- l'une en Grande Terre sur la commune du Gosier, découverte par l’ASFA (1) en 2007 (installation probable en 2005)

- l'autre à Terre de Bas des Saintes ;

La colonie du Gosier la seule connue en Guadeloupe continentale fait l’objet d’une surveillance annuelle par L’ASFA. Elle comportait chaque année entre zéro et une dizaine de nids depuis sa découverte. La forte augmentation des effectifs en 2013 (2) nous a conduit à réaliser un suivi régulier et rigoureux pour la saison 2013 /2014.

 

II - Situation de la colonie

La colonie se trouve sur la commune du Gosier sur Grande-Terre. Elle est située en milieu péri-urbain sur une falaise de 25 à 30 mètres de hauteur. Celle-ci est en grande majorité entièrement recouverte d’une végétation arbustive et lianescente dans ses parties les plus verticales et arborée dans les parties à forte pente.

 

III – Objectifs

Le but principal de ce suivi est de connaitre la phénologie de la reproduction au sein de cette colonie ainsi que ses effectifs. De plus, les observations réalisées concourent à l’amélioration de la connaissance générale de l’espèce en Guadeloupe.

Les résultats obtenus pourront contribuer à la conservation de cette espèce protégée classée "Vulnérable" dans la liste rouge des oiseaux menacés de Guadeloupe(3) et inscrite en annexe II du protocole SPAW.

 

IV - Méthode de suivi

12 sorties ont été réalisées depuis le littoral de Décembre 2013 à Août 2014 : 24/12 en 2013, et 20/01, 03/02, 06/02, 21/02, 21/03, 23/03, 24/03, 13/04, 10/05, 31/05, 12/07, 03/08 en 2014.

Les observations ont été réalisées depuis 2 points distincts : . Le premier, est situé en contre bas et à l’écart de la colonie (distant de 200 à 300m des nids). Il nous a permis

de calculer le taux de reproduction en suivant tout le long de la saison deux échantillons de nids. . Le second point, se situe lui au-dessus de la colonie sur une propriété privée où les oiseaux ont l’habitude de la présence humaine. De ce point, nous avons pu observer les oiseaux de plus près et suivre les différents stades

d’élevage des poussins.

Aucun point depuis le littoral ne permettant d’observer l’ensemble de la colonie, les observations ont été complétées par 3 sorties nautiques (19/01, 02/02, 16/04. Des photographies de l’ensemble de la colonie ont été réalisées à chaque sortie afin de comptabiliser les nids (l’état de la mer ne permettant pas une bonne observation à la jumelle).

Cette méthode nous a permis de réduire le temps passé en bateau sous la colonie (moins de 10 minutes). Ainsi a été minimisé le stress des oiseaux les plus bas installés. De même, afin d’éviter tout dérangement, nous avons toujours gardé une distance minimale de 120 mètres vis à vis du pied de falaise, et réalisé une approche tangentielle à vitesse lente.

Les dates figurant dans les résultats correspondent à des observations directes. Les périodes moins précises découlent de ces dates et ont été estimées selon l’âge des poussins observés et les données bibliographiques (Temps d’incubation, durée d’élevage, temps de construction du nid...).

 

IV - Résultats

 

Phénologie de la période de reproduction

Les premières parades nuptiales sur le site de la colonie débutent à la mi-octobre, suivies de la construction des nids. Les premières pontes sont réalisées lors de la seconde décade de novembre.

Les premiers poussins âgés de quelques jours sont observés le 24 décembre.

Le 19 janvier, un comptage depuis la mer en face de la colonie, nous permet de comptabiliser 57 nids sur l’ensemble de la colonie à tous les stades de développement.

Début février, la reproduction bat son plein avec 66 nids observés. De nouveaux couples s’installent plus au nord probablement en raison d’une saturation au sein de la colonie principale.

6 couples s’installent à une centaine de mètres et 5 autres à environ 200 mètres sur l’ancien site découvert dans les années 2000. Ils rejoignent un couple déjà installé qui nourrit un jeune âgé d’environ 4 semaines. Ces nouveaux couples installent leur nid pour la majorité dans des Poiriers pays encore dépourvus de feuilles.

Fin mars, 11 couples viennent les rejoindre et s’installent plus bas sur un amandier et sur des Figuiers blancs (Ficus citrifolia).

Mi-Avril sur la colonie principale, beaucoup de jeunes se sont envolés où sont proches de l'envol. Il n’y a plus de poussins en duvet et seuls 2 nids sont encore au stade couvaison. Les 2 dernières pontes ont lieu respectivement vers la première semaine d’avril et la première semaine de mai.

Ces dates sont comparables à celles de la saison passée où la dernière ponte avait eu lieu à la mi-avril.

Ces 2 pontes ont été réalisées sur la colonie initiale sur des nids qui avaient déjà été utilisés cette année avec élevage de jeunes.

Ainsi la dernière éclosion a eu lieu début juin, pour un envol des jeunes début Août. Le 3 août, il ne reste que 3 nichées qui n’ont pas encore pris leur envol mais ce qui ne devraient pas tarder.

Aussi, l’activité de reproduction cette saison 2013/ 2014 aura débuté en octobre pour prendre fin en Août : elle s’est donc étalée sur 10 mois.

Nombre de couvées

Cette saison, ce n’est pas moins de 91 nids occupés qui ont été observés sur la colonie, ces derniers donnant 88 nichées.

 

 

Etendue de la colonie, distribution

La colonie initiale située sur le site déjà utilisé les années précédentes (A) s’étale sur une longueur de 45 mètres. Des installations de nids y auront lieu d’octobre à Janvier. Un nid isolé (Point orange A’) bien plus à l’est est découvert en février lors de la perte des feuilles. Ce dernier occupé par un couple avec un jeune d’environ 4 semaines a dû s’installer à la mi-novembre.

Elle s’agrandit de part et d’autre (B) à la mi-janvier pour s’étaler sur une longueur totale de 70 mètres. C’est sur cette partie ouest que la grande majorité des couples s’installeront. Cette partie de la colonie sera utilisée jusqu’à début juin, hormis les deux couples qui se sont installés sur des anciens nids (point vert).

Elle s’étendra plus au nord début février (C) puis fin mars (D) pour atteindre 160 mètres de longueur.

 

 

Hauteur des nids

La hauteur des nids varie selon les zones utilisées et donc suivant la végétation. Dans la partie ouest (A et B) les nids sont installés à partir de 7 mètres jusqu’en haut de la falaise à 25 mètres. Dans la zone est (C et D), les nids sont installés sur des arbres à des hauteurs variant de 12 à près de 40 mètres. Les plus hauts sont installés au sommet de Poiriers pays (Tabebuia heterophylla), de 20-25 m de hauteur situés à mi falaise. Seuls deux nids sont installés très bas à l’extrême nord sur des Lianes à barriques (Trichostigma octandrum) recouvrant des Pandanus sp. à environ 4 ou 5 m de hauteur par rapport à la mer.

 

Supports de nids

La colonie principale (A) est située sur une partie de falaise verticale couverte d’une végétation arbustive et lianescente. La grande majorité des nids sont installés sur de la Liane à Barrique (Trichostigma octandrum) qui forme une couverture quasi continue et recouvre une grande partie des arbustes présents. Les arbustes émergents du tapis de liane sont également utilisés.

Un grand raisinier bord de mer (Coccoloba uvifera) situé en limite de la colonie principale accueille 4 nids. Les zones utilisées restantes sont à pente abrupte et couvertes d’une végétation arborée. Des nids y ont été installés sur des Poiriers pays (Tabebuia heterophylla), un Amandier pays (Terminalia catappa), des Figuiers blancs (Ficus citrifolia) ainsi qu’un Gommier rouge (Bursera simaruba) sur lequel un nid est situé à une enfourchure de branches.

L’attractivité des zones recouvertes par la Liane à Barrique pour l’installation des nids est évidente pour le Pélican brun sur ce site.

En effet, cette liane grimpante recouvrante offre aux pélicans plusieurs avantages par rapport à une installation dans un arbre :

- - -

un support solide et plan pour la construction du nid et l’entrainement des jeunes avant l’envol, une très bonne visibilité pour l’oiseau couveur lui permettant une surveillance aisée, une accessibilité facile au nid. Ce qui est important lors des phases de nourrissages ainsi qu’en cas de dérangement.

 

Nombre de poussins à l’envol

Chaque nid n’a pu être suivi du fait de l’étendue de la colonie et de l’impossibilité d’observer la totalité des nids depuis nos points d’observation terrestre. Néanmoins, nous avons observé et suivi jusqu’à l’envol des jeunes deux échantillons de nids : l’un en début de saison (n=13 du 24/12 au 03/02) et le second en fin de saison (n=17 du 13/04 au 12/07).

Nous pouvons constater que le taux de reproduction est plus faible en seconde partie de saison : 1,53 poussin par nid contre 2,07 en début. De plus, nous avons observé près de 18% d’échecs en fin de saison alors que nous n’en avions pas observé en début. Le pourcentage de nichées à 3 jeunes est également plus faible en fin de saison qu’au début : 5,88% contre 38,46%.

Tableau 1 : Nombre de poussins à l’envol par nids sur les deux échantillons étudiés.

En appliquant ces deux taux de reproduction pour les nids réalisés en première partie (n=66) et seconde partie de la période de nidification (n=25), nous arrivons donc à la production de 175 jeunes en 2014.

 

Mortalité de poussins

Nous avons constaté la présence d’au minimum 4 poussins morts sur la colonie ; tombés du nid où à proximité. Ils avaient tous à des âges compris entre 3 et 5 semaines. Il est fort possible que des poussins plus petits morts soient passés inaperçus.

Chez cette espèce, il est connu que les oisillons éclos les premiers peuvent tuer leurs jeunes frères et sœurs. Soit directement en les picorant la tête soit en les poussant hors du nid ou indirectement, en ne leur permettant pas d’accéder à la nourriture apportée par les parents.

 

Dans un nid, nous avons pu observer le plus jeune poussin subir des coups de bec d’un autre poussin (Photographie 5) mais sans que cela n’ait eu de répercussion, tous les poussins s’étant envolés.

En revanche, un poussin assez grand, âgé d’environ 5 semaines est mort certainement de faim. Nous avons en effet observé à plusieurs reprises que seul le second poussin récupérait toute la nourriture à chaque nourrissage du ou des parents.

Il convient de noter que la zone comporte une grande densité d’iguanes communs (Iguana iguana). Toutefois, aucune interaction entre les deux espèces n’a été constatée.

 

V - Cohabitation avec les riverains

Jusqu’alors, la taille plus modeste et la situation de la colonie faisaient qu’elle n’était remarquée que par les riverains les plus proches. En outre, elle ne semblait pas les gêner. Le fort développement des effectifs nicheurs cette saison a engendré un étalement de la colonie et l’installation de nombreux nids en haut de falaise. Ainsi des nids ont été construits à proximité immédiate de soubassements de terrasses (jusqu’à moins de 5 mètres des terrasses).

Le Pélican brun est connu pour être très sensible au dérangement en période de reproduction. Il évite généralement la cohabitation avec l’homme. Aussi, il apparaît surprenant que la colonie, dans sa partie sud, soit installée directement sous quatre habitations. En réalité, 3 d’entre elles sont inoccupées, leur apportant ainsi la tranquillité nécessaire. La quatrième maison est certes habitée mais ses occupants font preuve de bienveillance envers la colonie.

Néanmoins, au pic de la saison les occupants nous ont fait part des désagréments occasionnés plus importants cette année (forte odeur du guano et déjections des oiseaux sur la terrasse). Dans la partie nord les nids étant installés en zone boisée et plus éloignés des habitations, ils n’occasionnent pas de désagrément pour les riverains.

 

VI – Menaces avérées et potentielles

 

Survols aériens

Lors de nos observations le passage d’aéronefs à proximité de la colonie est apparu comme une menace pouvant être sérieuse selon le type d’aéronef, la hauteur et la distance de vol. En effet nous avons pu constater :

 

 

- que le passage de petits avions de tourisme parallèlement à la côte à une distance de 400 à 500 m n’a pas entrainé de réaction apparente des oiseaux. Ce qui pourrait laisser à penser que cette distance de vol n’occasionne pas dérangement. Néanmoins cette absence de réaction peut aussi s’expliquer par une habituation des oiseaux au passage de certains avions aux horaires et caps identiques.

- qu’à hauteur identique la réaction des oiseaux au passage d’un hélicoptère est plus perturbatrice que celle d’un avion de tourisme.

- que le passage d’un hélicoptère au-dessus de la colonie à une hauteur d’environ 250 mètres a provoqué une réaction d’inquiétude au sein de la colonie sans envol d’oiseaux.

- le passage d’un hélicoptère virant devant la colonie (200 à 250 m) pour des prises de vues à une hauteur d’environ 150 m au-dessus de la mer a provoqué une panique générale au sein de la colonie avec l’envol de tous les jeunes oiseaux volants et adultes. De nombreux poussins non volants étant paniqués au nid.

Ainsi certaines approches aériennes, notamment répétées, doivent avoir un impact important lors de l’installation des couples et l’élevage des jeunes.

 

Dérangement et destruction de nids par des travaux

La réalisation de travaux lourds dans les habitations situées juste au-dessus du cœur de la colonie, peuvent engendrer un impact important s’ils sont réalisés en pleine période de reproduction, notamment lors de l’installation des nids et lorsque les poussins sont âgés de moins d’un mois.

Rappelons qu’il y a quelques années L’ASFA avait dû intervenir auprès d’un des propriétaires d’une villa en rénovation afin de faire cesser le rejet de déblais de travaux par dessus la falaise qui portait directement les nids présents ! C’est d’ailleurs la saison suivante qu’aucune nidification n’avait pu être observée.

 

Dérangement par les engins nautiques.

Le site de la colonie a été jusqu’à aujourd’hui relativement peu dérangé du fait sa situation en falaise. Son approche par voie terrestre est impossible du fait de la présence de propriétés résidentielles privées tout le long. Et côté mer, elle se situe en dehors des voies courantes de navigation. La grande majorité des embarcations passant à plus de 400 mètres de distance.

La taille de la colonie jusqu’alors peu importante la faisait passer inaperçue. Mais, avec l’explosion cette année des effectifs, ce n’est plus le cas pour un œil averti. Un dérangement important est alors à redouter si la colonie devient connue du grand public.

Le développement anarchique de visites en embarcations nautiques, notamment en cas d’approches bruyantes, trop rapides ou à trop faible distance du pied de falaise, risque fort de dissuader des couples nicheurs de s’y installer et de provoquer l’abandon des nids les plus bas.

L’impact sera d’autant plus important en période d’installation des nids et lors de l’élevage des jeunes poussins (moins d’un mois).

 

 

Prédation

Bien qu’aucune interaction entre les pélicans et les iguanes n’ait été constatée lors de nos observations, il conviendrait d’exercer une pression d’observation plus importante autour des nids. En effet, certains auteurs (4) rapportent des cas de prédation d’iguanes communs sur des œufs de pélicans bruns.

 

Discussion

La bonne dynamique de la colonie du Gosier est attestée cette année par l’explosion des effectifs et assure ainsi au pélican brun le statut d’oiseau nicheur régulier en Grande Terre. Elle a peut-être déjà été à l’origine d’un essaimage de couples, comme celui s’étant installé dans le Grand Cul-de-sac marin (5). Afin de mieux appréhender la restauration de cette espèce menacée de Guadeloupe, il apparait crucial de vérifier à la prochaine saison si la colonie des Saintes connaît elle aussi une telle dynamique et si d’autres couples s’installent sur les îlets du Grand cul de sac marin, tout en réitérant le monitoring de la colonie du Gosier.

Sans attendre les résultats de ces études, compte tenu des menaces pouvant apparaitre, la commune du Gosier se doit de tout faire pour préserver durablement sa colonie. Elle peut en effet s’enorgueillir d’abriter sans doute la principale colonie nicheuse de Pélicans bruns de Guadeloupe, emblème de la commune qui lui a donné son nom.

Le suivi de cette colonie permet de vérifier que la quiétude des sites de nidification constitue bien un facteur prépondérant d’attractivité comme le rapporte la littérature scientifique.

Bien d’autres sites potentiels existent en Guadeloupe notamment ceux utilisées par les oiseaux comme reposoirs et/ou dortoirs (îlots de mangroves, îlet Kahouanne, Grande saline de Saint-félix, ...). L’exemple de la colonie du Gosier nous confirme que ces sites utilisés pour le repos sont très souvent choisis ensuite pour la nidification pour peu que les oiseaux y trouvent une quiétude suffisante.

Aussi, conviendrait-il :

- - -

d’inventorier les sites potentiels de façon exhaustive, d’identifier les plus favorables,

et de mettre en œuvre toutes les mesures adéquates afin d’assurer la tranquillité des oiseaux sur les sites ainsi retenus. Ces mesures devront être appliquées de façon continue et durable.

 

 

Cette nécessaire durabilité des mesures est une autre leçon à tirer du monitoring de la colonie du Gosier. Suite à l’installation de couples pionniers, le développement d’une colonie en bon état de santé n’est assuré qu’au bout de plusieurs années de conditions favorables. En l’occurrence, Il aura fallu près de 10 ans pour celle du Gosier.

En outre, ces mesures pourraient également favoriser le retour de la Frégate magnifique (Fregata magnificens) en tant qu’oiseau nicheur en Guadeloupe. Décimée sur ses sites de nidification aux 17ème et 18ème siècles, cette autre espèce emblématique extrêmement sensible au dérangement, n’a jamais pu recouvrer son statut de nicheur en Guadeloupe. Pourtant notre archipel ce situe entre la plus grande colonie des Petites Antilles qui se situe au nord à moins de 150 km (Barbuda) et au sud par une petite colonie installée depuis quelques années à une centaine de kilomètres (Dominique).

 

 

Remerciements

Nous tenons à adresser nos plus vifs remerciements à Madame DUPIN qui nous a permis d’accéder à sa propriété, pour sa disponibilité et la transmission de ses précieuses observations. Sa bienveillance à l’égard de la colonie est à saluer. Jacques Fournet pour son aimable aide à la diagnose des essences support.

Isabelle Houllemare (L’ASFA) et Fanny Ballard-Guerard qui nous ont accompagnées lors d’une sortie nautique de L’ASFA dédiée à la nidification du pélican.

 

 

 

 

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Publié le par asfa
Publié dans : #Etudes ASFA, #Chauves-Souris, #Groupe Chiroptères Guadeloupe, #projet éolien

L'ASFA et le Groupe Chiroptères de Guadeloupe ont déposé un avis circonstancié à l'enquête publique qui porte sur le Projet de fermes éoliennes dans les hauteurs de Sainte-Rose (Esperance, Bellevue).

Ce projet prévoit de disposer des éoliennes en lisière de forêt ce qui constitue une menace grave pour nos espèces de chauves-souris. Singulièrement pour les endémiques et sub-endémiques les plus rares et menacées : La Sérotine de la Guadeloupe (Eptesicus guadeloupensis), le Chiroderme de la Guadeloupe (Chirodema improvisum) et le Myotis de la Dominique (Myotis dominicensis).

La Sérotine de la Guadeloupe est la seule espèce de mammifère strictement endémique à la Guadeloupe (Basse-Terre) et elle est en danger critique de disparition !

 

De plus, ce projet viole plusieurs dispositions du code de l'environnement, du SAR et du Schéma Régional Eolien.

 

Nous ne sommes évidemment pas opposés au développement de l'éolien en tant qu'énergie renouvelable mais les projets se doivent de prendre en considération les enjeux de préservation de la biodiversité. Les chauves-souris symbolisent cette biodiversité exceptionnelle mais fragile, unique et irremplacable ! Elles risquent de payer un très lourd tribut à des éoliennes ainsi placées à l'interface de forêts humides.

 

 

Résumé de l'AVIS :

AVIS TRES DEFAVORABLE SUR L'EMPLACEMENT DES EOLIENNES  

ET SUR LES MESURES DE REDUCTION ET DE COMPENSATION ENVISAGEES 

 

 

Cet avis négatif  est fondé sur plusieurs éléments : 

 

1- La position en lisière forestière des éoliennes est une contrainte 

environnementale rédhibitoire. Les lisières forestières sont les voies de 

déplacement et de chasse les plus communément utilisés par les Chiroptères,  

 

2- La présence avérée à proximité immédiate de plusieurs espèces de Chauves- 

souris à haute valeur patrimoniale et au statut de conservation défavorable à 

très défavorable, 

 

3- La présence avérée sur le site d'espèces de Chauves-souris connues pour être 

particulièrement impactées par les éoliennes, 

 

4- Une  méthodologie d'étude d'impact très incomplète d’où découlent des 

connaissances très lacunaires de l'utilisation du site par les différentes 

espèces de Chiroptères, 

 

5- Une insuffisance notoire des mesures de réduction d'impacts et des mesures 

compensatoires prévues. Certaines imposées par le SAR, sont inexistantes. 

 

 

Avis ASFA /GCG déposé en Mairie de Sainte-Rose

Sérotine de la Guadeloupe (Eptesicus guadeloupensis) une chauve-souris en danger critique de disparition qui existe en Basse-Terre et nulle part ailleurs au Monde ! (photo: Anne et Michel Breuil)

Sérotine de la Guadeloupe (Eptesicus guadeloupensis) une chauve-souris en danger critique de disparition qui existe en Basse-Terre et nulle part ailleurs au Monde ! (photo: Anne et Michel Breuil)

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Publié le par asfa
Publié dans : #Asfa com (press book)

Nicolas Hulot a visité le stand de l'ASFA au village d'expositions en marge de la Conférence Internationale Biodiversité et Changement Climatique qui se tenait du 22 au 24 octobre 2014 en Guadeloupe (Créole Beach Hôtel Gosier ).

Il a été curieux de la richesse spécifique et de l'endémisme des grenouilles et chauves-souris de la Guadeloupe. Il nous a également questionné sur la biodiversité dans les bananeraies et milieux alentours. Nous avons également évoqué la richesse de la forêt marécageuse cette forêt inondée (nommée "mangles" en créole ) méconnue et malmenée.

Nous avons eu plaisir a échanger avec d'autres visiteurs du stand notamment de Martinique, Sainte-Lucie et la Réunion.

L'ASFA à travers sa présidente Béatrice Ibéné a également participé aux travaux de la conférence (Atelier 2 : "Arrêter la perte de la biodiversité" ) deux jours durant.

Nous attendions des recommandations plus concrètes que celles émises lors du Message de la Réunion mais au final le Message de la Guadeloupe n'est pas la hauteur des espoirs. Malheureusement, la feuille de route pour les 5 ans à avenir manque tout autant de prescriptions ciblées et précises.

L'effondrement de la biodiversité des territoires européens d'outremer (RUP et PTOM) et des Petits Etats Insulaires en Développement risque donc fort de se poursuivre.

L'ASFA présente à la Conférence Internationale Biodiversité et Changement Climatique
Frédéric  a tenu le stand de L'ASFA avec Emmanuel, Baptiste et Régis

Frédéric a tenu le stand de L'ASFA avec Emmanuel, Baptiste et Régis

avec les collègues de Sainte-Lucie (ministère environnement ) et de la Réunion (Francois-Xavier Couzi, directeur de la SEOR)

avec les collègues de Sainte-Lucie (ministère environnement ) et de la Réunion (Francois-Xavier Couzi, directeur de la SEOR)

Pic de la Guadeloupe, pélicans bruns nicheurs, chauves-souris, couleuvres, scinques, mabouyas, grenouilles ... tous à l'honneur au stand de l'ASFA !

Pic de la Guadeloupe, pélicans bruns nicheurs, chauves-souris, couleuvres, scinques, mabouyas, grenouilles ... tous à l'honneur au stand de l'ASFA !

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Le premier numéro de KaruBats Niouz,

la  lettre d'information du Groupe Chiroptères de Guadeloupe

est à télécharger ici ! 

 

 

 

Vous y trouverez  l'actualité du Groupe  : synthèses des études, projets, actions pédagogiques et de sensibilisation et à travers plusieurs rubriques, de précieuses informations sur les chauves-souris de la Guadeloupe et des Petites Antilles.

 

Bonne lecture à tous ! 

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Publié le par asfa
Publié dans : #Chasse excessive et braconnage intense, #Espèces menacées en Guadeloupe

La chasse en Guadeloupe :

un autre scandale environnemental et sanitaire 

 

 

Le projet d'arrêté préfectoral relatif à l'exercice de la chasse en Guadeloupe pour la saison 2014-2015 était sousmis à la consultation du public.

 

L'ASFA a émis un avis très défavorable en soulignant à la Préfète de Guadeloupe que ce projet d’arrêté relatif à l’exercice de la chasse sur le département de la Guadeloupe constitue une menace grave pour la santé publique et pour la biodiversité ; particulièrement pour la Grive à pattes jaunes (Turdus lherminieri) une espèce endémique de  3 îles seulement et classée mondialement menacée par l’UICN. 

 

 

Comme pour l'affaire de épandage aérien de pesticides, et alors que le Conseil d'Etat a montré la validité des arguments que nous pouvons exposer, la Préfète de Guadeloupe choisit d'ignorer complétement l'avis de l'ASFA. Elle n'a rien modifié à son projet d'arrêté.

 

Une fois encore, la Préfète cède aux lobbys et aux intérêts particuliers de quelques uns. Elle choisit de satisfaire le plaisir personnel des chasseurs au mépris des règles élémentaires de protection de la biodiversité insulaire.

 

Mais aussi au plus fort mépris de la préservation de la santé publique.

 

En effet, la Préfète autorise une nouvelle fois les chasseurs à tuer les grives à pattes jaunes et des tourterelles à queue carré de la zone dite du "croissant bananier" alors que ces oiseaux sont contaminés par le chlordécone. Les teneurs en chlordécone sont si élevées qu'un autre arrêté interdit la consommation de ces mêmes oiseaux  (AP N 2012-747 du 30 juin 2012) !

 

Les chasseurs ont donc le droit pour satisfaire leur "pur plaisir de tuer", d'abattre les grives et tourterelles du croissant bananier et de les transporter partout en Guadeloupe. 

 

L'administration prend ainsi l'énorme risque que ces oiseaux contaminés soient finalement consommés par des enfants et des femmes enceintes !

Les effets particulièrement délétères de ce pesticide carcinogène, perturbateur endocrinien et neurotoxique sur la santé des personnes vulnérables sont pourtant très bien documentés.

 

Il s'agit là, d'une nouvelle atteinte GRAVE à la SANTE PUBLIQUE des guadeloupéens. 

 

La Préfète facilite aussi ainsi la diffusion de la pollution par le chlordécone et la contamination de régions jusque là épargnées. Les oiseaux contaminés étant contaminants pour les chaines alimentaires et l'environnement.

 

Il s'agit d'un permis de polluer et d'empoisonner.  

 

 

Les effets toxiques des organochlorés sur les oiseaux sont également très biens connus.

Ces molécules, dont fait partie le chlordécone, quand elles n'entrainent pas d'emblée la mort lors de contamination aigue (neurotoxique et hépatotoxique),  nuisent aux fonctions de reproduction des oiseaux et pertubent leur comportement (exposition chronique).

 

La grive à pattes jaunes est classée mondialement menacée par l'UICN en raison de la de sa faible répartition géorgraphique mondiale, de la dégradation de ses habitats forestiers, et de la pression de chasse qui s'exerce sur elle en Guadeloupe.

Elle n'est plus présente que sur 3 îles au Monde depuis sa récente disparition de Sainte Lucie *.

 

Son statut UICN "vulnérable" indique que ce bel oiseau est confronté à un risque élévé d'extinction à l'état sauvage à moyen terme". Elle est également classée "vulnérable" sur la liste rouge régionale UICN des oiseaux menacées en Guadeloupe.

 

D'après les connaissances scientifiques actuelles, l'imprégnation par le chlordécone constitue un autre facteur de déclin  important pour cette espèce.

 

Avec cet arrêté ce sont pas moins de 22 jours de chasse de  Grive à pattes jaunes qui sont autorisés (du 01 novembre 2014 au 04 janvier 2015 tous les samedis, dimanches, jours fériés et chômés).

Le quota ou Prélèvèment Maximal Autorisé (PMA) de 4 grives par chasseur et par jour de chasse est ahurissant. En effet, il n'est pas accompagné d'un quota de chasseurs par grive. Ce PMA correspond à 88 oiseaux /chasseur et par jour de chasse pour la saison alors qu'on compte  3 000 chasseurs en Guadeloupe !

Par son arreté, l'administration permet donc théoriquement que 264 000 grives à pattes jaunes soient tuées cette année !

S'il ne sont "que" sont 500 chassseurs à chasser la grive, ils tueront tout de même 44 000 oiseaux !!!

 

Le bons sens et le principe de précaution (lequel a une valeur constitionnelle et doit s'imposer d'après la loi, aux décisions de l'administration) voudraient que l'espèce soit protégée en Guadeloupe comme elle l'est sur les autres îles (anglophones).

 

Tout au moins (et ce ne serait vraiment qu'un minimum) que les populations du croissant bananier ne soient davantage décimées par la chasse.

Cet abattage agrave considérablement le risque de leur disparition à court terme ; alors que les autorités ont l'obligation légale et éthique de tout mettre en oeuvre pour favoriser la résilience des espèces.

 

 

Mais la Préfète en a décidé tout autrement. Bien qu'originaire de la Guadeloupe, elle est sans pitié pour ce patrimoine naturel exceptionnel et irremplaçable, comme ses prédécésseurs. 

 

Ce sont des telles hérésies dans la gestion mortifère du patrimoine naturel qui ont conduit, rapellons-le, à la disparition définitive d'autres espèces endémiques de notre archipel : l'Ara de Guadeloupe, la Perruche de Guadeloupe et l'Amazone de Guadeloupe .....au 19ième siècle !

 

 

Seule différence : les autorités agissent actuellement en pleine connaissance de la fragilité des espèces endémiques forestières, des risques de leur disparition et en méprisant totalement les textes de loi. Notamment la charte de l'environnement inscrite pourtant dans la Constitution. 

 

 

L'effondrement de la biodiversité de nos petits territoires insulaires va donc se poursuivre.

 

 

Chasseurs guadeloupéens et préfète guadeloupéenne en porteront pour une bonne part,  la funeste responsablilité ! 

 

 

 

 

*ref :  ARNOUX, E. 2012 Variabilités phénotypique et génétique chez la Grive à pieds jaunes, Turdus lherminieri, à différentes échelles.Thèse de Doctorat d’université.

 

Avis de L'ASFA à la consultation publique

Arrêté Préfectoral exercice de la Chasse en Guadeloupe saison 2014-2015

AP 2012-747 interdisant la consommation du gibier à plumes potentiellement contaminé par le Chlordécone

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Publié le par asfa
Publié dans : #espèces invasives, #Lézards, #Reptiles

Voici une menace sérieuse

qui pointe son nez aux portes de la Guadeloupe

 

Cet anolis originaire du banc de Porto Rico, Ctenonotus cristatellus ou Anolis cristatellus est une espèce considérée comme invasive dans toute la Caraïbe. Connue à ce jour comme espèce introduite en Floride, au Mexique, au Costa Rica, à Saint-Martin, dans la grande majorité des Grandes Antilles et à la Dominique, elle pourrait être d’ores et déjà présente dans d’autres îles des Petites Antilles.

 

Cette espèce comme d’autres anolis peut voyager incognito sur les bateaux de plaisance ou au sein des containers voyageant d’îles en îles, mais elle peut aussi s’échapper de captivité, car il s’agit d’une espèce vendue comme NAC (Nouveau Animaux de Compagnie).

 

L'Anolis de Porto Rico est aujourd’hui considéré comme une Espèce Exotique Envahissante (EEE) pour :

- Son caractère très agressif qui en fait une espèce dominante face aux Anolis endémiques. Les mâles chassent les mâles des autres espèces qui disparaissent.

- Ses fortes capacités de colonisation des habitats xérophiles (secs) et littoraux.

 

A la Dominique depuis son arrivée à la fin des années 1990 à Roseau, l’espèce a rapidement colonisé une grande partie du littoral de la moitié sud de l’île. Aujourd’hui là où elle s’est installée, l’espèce endémique a quasiment disparu !

 

L’augmentation des échanges maritimes avec la Dominique (Passagers, barges de sables, ...) et l’engouement pour les Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC) en Guadeloupe constituent des risques importants d’introduction de cet invasif à court ou moyen terme dans notre Archipel. Ce qui serait une catastrophe pour nos espèces endémiques, particulièrement pour celles des dépendances et des îlets (Marie Galante, Petite Terre, La Désirade, Les Saintes, Îlet Kahouanne, Îlet Pigeon ...).

 

 

VIGILANCE ! 
N‘hésitez pas à prendre des photos de tout Anolis qui vous paraît étrange.

et à nous transmettre les photos à cette adresse : lasfa@wanadoo.fr

 

 

Comment le reconnaitre ?

 

Il est de taille identique à nos anolis, cependant quelques caractères anatomiques ou comporte- men- taux peuvent permettre de le différencier :

- Sa couleur dorsale varie de l’olive en passant au brun jusqu’au presque noir. Il présente généralement de nombreuses taches ou marbrures sur la queue, les pattes et les flancs.

- Les mâles ont le plus souvent une queue crêtée ondulée.

- Son crâne est plus massif avec des mandibules plus courtes.

- Fanon orangé à la bordure blanchâtre très souvent au centre verdâtre. - Très agressif vis-à-vis des autres anolis, lors des confrontations il peut émettre des sifflements et faire vibrer sa queue.

 

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Vigie Reptiles : L'Anolis à crête de Porto Rico est aux portes de la Guadeloupe
Vigie Reptiles : L'Anolis à crête de Porto Rico est aux portes de la Guadeloupe

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Publié le par asfa
Publié dans : #Lézards, #espèces invasives, #Reptiles, #Etudes ASFA
Le Gecko lugubre, un nouvel invasif en Guadeloupe

Le Gecko lugubre (Lepidodactylus lugubris) est une nouvelle Espèce Exotique Envahissante arrivée en Guadeloupe depuis peu mais déja en pleine expansion.

Faites nous part de vos observations !

C'est un gecko qui fréquente les maisons. Il convient de le différencier de l'Hémidactyle mabouya (Hemidactylus mabouia) et du Thécadactyle à queue turbinée (Thecadactylus rapicauda).

 

Pour en savoir plus télécharger la fiche ci-dessous 

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