Site officiel de L'ASFA : L'Association pour la Sauvegarde et la réhabilitation de la Faune des Antilles
L'ASFA et l'ASPAS demandent l'arrêt de la chasse d'un oiseau mondialement menacé
Il y a un an, la chasse de la Grive à pieds jaunes avait été suspendue par le Tribunal administratif de Basse-Terre suite à la saisine de l'ASFA (L'Association pour la Sauvegarde et la ...
Colonie du Gosier. Au cœur de la colonie, les jeunes au plumage blanc sont très visibles. Au centre un adulte couve encore.
Après une excellente saison 2013/2014 (http://www.faune-guadeloupe.com/archive/2014-12/) et une extension de la colonie, nous craignions que ce bon état de conservation ne soit que de courte durée.
En effet, nous avions identifié plusieurs menaces potentielles sur le site. Nous en avions fait part aux services de l'Etat, notamment au service Ressources Naturelles de la DEAL, auquel nous avions également transmis notre rapport d’étude.
Malheureusement nos prévisions se sont révélées justes et la colonie a été lourdement impactée.
Cette saison toute la partie ouest de la colonie a été abandonnée et son installation s'est trouvée retardée par rapport à l'an passé du fait de deux évènements :
-La démolition d'une habitation juste au-dessus de la colonie en pleine période d'installation,
-La coupe en falaise de nombreux supports d'installation (arbustes et lianes) sous une autre habitation où étaient installés une dizaine de nids la saison passée. Le propriétaire s’était plaint des projections de fientes les jours de grand vent lorsque les oiseaux passaient devant la maison.
Si on peut comprendre cette réaction, il faut néanmoins rappeler que l'espèce est protégée en Guadeloupe et reste encore fragile malgré une évolution positive des effectifs nicheurs. Cette problématique aurait donc dû faire l'objet d'une réflexion entre propriétaires, commune, services de l'Etat et associations pour une issue plus favorable.
Nombre de nids.
Cette saison entre 58 et 61 nids ont été occupés, ce qui représente une chute de 35% par rapport à la saison précédente.
Taux de reproduction.
Il a également chuté au sein de la colonie. On a constaté un plus grand nombre de nichées à un seul jeune et très peu à 3 jeunes. Ce taux présente un nombre de 1,52 jeune par nid contre 1,91 la saison précédente.
Ce résultat est probablement plus imputable à une baisse des ressources alimentaires en quantité et/ou en difficulté d'accès liée aux épisodes d'échouages de sargasses sur le littoral plutôt qu’à un changement de la structure de la colonie (augmentation de la présence de jeunes femelles).
La seconde colonie connue en Guadeloupe se trouve sur l'île de Terre-de-Bas sur l'archipel des Saintes. Depuis l'an dernier plusieurs témoignages nous faisaient part de dérangements sur la colonie. Quelle ne fut pas notre surprise cette année lors d'une visite sur l'île dédiée aux couleuvres, de découvrir un sentier aménagé sur le site de la colonie et balisé comme "trace des Pélicans". Un bref passage silencieux sur le sentier, nous permet de constater qu'il traverse de part en part la colonie. Malgré notre grande discrétion et nos extrêmes précautions nous provoquons plusieurs envols des parents. Le sentier passe en effet à quelques mètres sous certains nids et à proximité de beaucoup d'autres ! Nous relevons certaines traces caractéristiques de dérangement au sein de la colonie. Il est alors facile d’imaginer l'impact catastrophique du passage de groupes de visiteurs peu silencieux sur le sentier !
Devant cette atteinte grave, L'ASFA alerte aussitôt les services compétents et les gestionnaires des terrains attenants.
Quelques semaines plus tard, nous participons sur le site même à une réunion de terrain avec la DEAL, l'ONF, M. le Maire et des représentants de l'office de tourisme de Terre-de-Bas. Suite à de fructueux échanges portant sur biologie et le statut de conservation de l'espèce, deux décisions sont prises :
-La fermeture immédiate du sentier (l'itinéraire de ce dernier sera par la suite modifiée pour éviter le secteur de la colonie)
-Le lancement d'un projet éco-touristique autour du Pélican brun à Terre-de-Bas (Sentier, exposition et observatoire avec moyens optiques)
Dans ce cadre, L'ASFA a pu proposer son expertise et être force de propositions. L’association reste partenaire dans l'émergence de ce projet prévu dont le début de réalisation se fait toujours attendre ...
La bonne nouvelle de cette saison nous vient d'un îlet classé en cœur de parc national dans le Grand Cul-de-sac marin où après la nidification l'an passé d'un seul couple de pélicans (http://www.guadeloupe-parcnational.fr/?Le-Pelican-brun-niche-de-nouveau), l'espèce est revenue cette année y nicher. Ce ne sont pas moins de 7 couples cantonnés sur le même îlet que nous avons pu observer à la mi-février lors d'une sortie en bateau consacrée à notre "Pélican". 5 oiseaux étant déjà sur leur nid.
Espérons que cette nouvelle colonie puisse s'étoffer encore, pour peu que la tranquillité des oiseaux nicheurs soit assurée. Ce qui est la moindre des choses attendues en zone cœur d’un Parc National …
A suivre donc !
Aussi, malgré la confirmation de l'installation d'une 3ème colonie sur un îlet du Grand Cul-de-sac marin, force est de constater que cette saison aura été plutôt mauvaise pour nos pélicans de retour en Guadeloupe en tant que nicheurs depuis une petite dizaine d’années seulement. Cette espèce classée menacée par l’UCIN en Guadeloupe bénéficie pourtant d’un grand capital de sympathie auprès de la population et des touristes.
Pour sa part, L’ASFA continuera de suivre la restauration de cette espèce, d’alerter et de sensibiliser tous les acteurs impliqués.
Entre Novembre 2014 et Avril 2015, ce sont pas moins de 45 heures bénévoles qui ont été consacrées à l'étude et à la préservation des colonies nicheuses du Pélican brun de l'Archipel guadeloupéen.
Ont participé à l’étude cette année : Régis, Béatrice, Jérôme, Nathalie, Fabienne et Baptiste.
NB : « L’étude Pélican brun » de L’ASFA est entièrement financée par les ressources propres de l’association qui n’a bénéficié d’aucun financement public à cette fin.
Sortie de terrain aux abords de la colonie avec des représentants des administrations (DEAL), de gestionnaires (ONF), de la commune (maire, Office du tourisme), de l’ASFA et un prestataire écotouristique. Cette sortie de terrain et de travail a été fructueuse : le sentier a été fermé dans cette portion préservant la tranquillité de la colonie.
L'ASFA accueille régulièrement des stagiaires dans le cadre des études menées sur la faune vertébrée de la Guadeloupe.
Pour 2016 nous recherchons des étudiants de Master 1 intéressés par les Couleuvres.
Sujet Les Couleuvres ou Couresses sont des serpents en très forte régression en Guadeloupe. Parmi elles, la Grande Couresse de Guadeloupe (Alsophis antillensis) et la Petite Couresse (Erythrolamprus juliae copeae) sont aujourd'hui au bord de l'extinction. Endémiques ou sub-endémiques, elles font partie des espèces pour lesquelles une urgence est réelle en terme de conservation parmi la faune guadeloupéenne.
Pour s'y préparer, la localisation des derniers noyaux de populations et la connaissance de la vision du grand public vis-à-vis des couleuvres et des serpents en général sont essentielles et pourraient permettre d'orienter de futures mesures de conservation.
Le stage consistera à compléter les enquêtes de terrain débutées en 2015 autour des derniers sites de témoignages de présence de ces espèces et à en réaliser la synthèse (Répartitions ancienne et actuelle/Eléments de biologie/Relations Homme-serpent).
Parallèlement sera recherché et testé la mise en place d'une méthodologie de suivi de l'abondance des couleuvres sur l'îlet de Terre-de-Bas des Saintes.
Les zones d'études se situent principalement dans le Sud de la Basse Terre.
Stage préférentiellement destiné à une équipe composée de deux stagiaires.
Durée : 6 à 8 semaines
Conditions : les stagiaires doivent être motorisés. L'ASFA prend en charge les frais de carburant relatifs à l'étude ainsi que les frais de transport et mission sur les îles des Saintes.
Encadrant : Régis Gomès, L'ASFA (Association de Sauvegarde et de réhabilitation de la Faune des Antilles) mabuya971@gmail.com (adressez une copie à : lasfa@wanadoo.fr)
PS : si votre habitation (garage, abri ..) ou un batiment inoccupé ou abandonné est habité par un essain de chauves-souris plus grosses (guimbos) prière de nous contacter par mel : lasfa@wanadoo.fr
Panneau extrait de l'exposition multimédia sur les Chauves-souris de L'ASFA
Les Chauves-souris dites fissurocoles (qui aiment gîter dans les fissures) , le plus souvent le Molosse commun (Molossus molossus) et parfois le Tadaride du Brésil (Tadarida brasiliensis) choisissent parfois de squatter la toiture des maisons créoles. Une petite colonie (généralement une tentaine d' individus ) prend place entre la charpente en bois et la toiture.
En premier lieu il faut absolument essayer
de préserver la colonie !
- Des espèces anthropophiles : Peu d'espèce sauvages arrivent à s'adapter aux profondes modifications des milieux engendrées par l'Homme. Ces espèces ont su profiter du cactrère batisseur de l'homme qui continue à détruire en parrallèle beaucoup de gîtes naturels dans lesquels ces espèces trouvaient refuge auparavant (fissures des rochers, falaies, ... fissures des vieux arbres creux et morts ...).
- Ce sont d'effices insecticides naturels : une colonie de 30 petits molosses consomme chaque jour 8 à 12 000 moustiques par nuit, soit 50 kgs d'insectes volants nocturnes par an I
- Il n'y a rien à craindre de la cohabitation avec des chauves-souris qui habitent sous le toit, sauf pour certains asthmatiques qui peuvent êtres sensibles aux résidus d'insectes contenus dans les déjections.
Des désagréments ?
Le bruit
Les chauves-souris sont des animaux très sociaux : leur vie sociale est complexe et développée. Les petits cris que tu entends sont les cris sociaux (ce ne sont pas des cris ultrasonores) émis par les animaux pour communiquer entre eux . Notamment entre les petits et leurs parents.
Les déjections dans la maison ?
Pose une feuille de papier ou une petite planchette où tombent les déjections pour récolter ce guano.
Le guano de ces petites chauves-souris insectivores est un EXCELLENT ENGRAIS NATUREL BIO ! (1 cuillère à café de crottes pour 1 litre d'eau).
Une forte odeur désagréable ?
Utilise du vinaigre blanc , de la poudre de bicarbonate de soude ou certaines huiles essentielles (citron, eucalyptus,...).
Si jamais tu décides vraiment l'exclusion,
il faut la réaliser de nuit et en dehors de la période de reproduction, plutôt en novembre -décembre sinon les petits restés au gîte vont mourir d'inanition !
A la nuit tombée, pose un grillage en plastique à très petites mailles au niveau du trou de sortie, afin que les chauves-souris encore présentes puissent sortir mais pas rentrer.
Tu trouveras d'autres méthode d'exclusion douce : ICI
Ne fais appel qu'aux sociétés qui respectent la législation et les animaux ! En effet toutes les espèces de chauves-souris sont protégées en Guadeloupe
Du coté de la loi :
Nous bénéficions d'une protection légale forte !
- Au plan national : l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 protège toutes les espèces de chauves-souris présentes sur le territoire national.il est interdit de les détruire, mutiler,capturer,enlever , perturber intentionnellement [...].
- Au plan local : l'arrêté ministériel du 17 février 1989 interdit sur toute la Guadeloupe et « en tout temps, la destruction, la mutilation , la capture ou l'enlèvement , [...] le transport ,le colportage, [...] » des espèces de chauves-souris.
Molosse commun (Cliché : J. Barataud)
Pour tenter de compenser la perte de leur gîte installe alors « un nichoir à chauves-souris » à proximité de ton habitation.
Fabrique ta "Kaz a chov souris" : Bat house
Pa konet mové !
Nous pullulons? FAUX, chez la grande majorité des espèces, une femelle ne fait qu'un seul petit par an.
Ce très faible taux de reproduction est d'ailleurs compensé par une longévité importante.
Nous nous accrochons aux cheveux ? FAUX, notre sonar est bien trop perfectionné !
Nous suçons le sang ?
FAUX ! En Guadeloupe, aucune espèce n'est hématophage.
Les « vampires » - 3 espèces connues sur les 1300 espèces de chauves-souris connues dans le monde - vivent en Amérique du Sud et Centrale et s'attaquent surtout au bétail. Ils réalisent une petite morsure indolore d'où s'écoule le sang qu'ils peuvent alors sucer et laper.
Nous transmettons des maladies ?
Moins que les autres mammifères domestiques ou sauvages.
En Guadeloupe, il ‘y a pas de cas connu de rage ou d'autres maladies infectieuses transmises directement par des chauves-souris.
En consommant les moustiques vecteurs de maladie nous sommes plutôt de véritables auxiliaires de santé publique !
Attention toutefois comme tout mammifère, je peux mordre en cas de stress. Ne touche pas une chauve-souris sans gants épais.
Ne visite jamais une grotte à chauves-souris car dans certaines conditions (centaines à milliers d'individus générant une épaisse couche de guano, confinement, humidité) un champignon peut se développer sur les amas de guano et provoquer une maladie pulmonaire grave (Histoplasmose).
Balade en Guadeloupe et Terra Festival / France Inter
Cette semaine Denis Cheissoux nous emmène en Guadeloupe, accompagné de Stéphane Cosme, reportage au cœur de la forêt tropicale, dans le parc naturel de Guadeloupe, dans les bananeraies, sur le...
http://www.franceinter.fr/emission-co2-mon-amour-balade-en-guadeloupe-et-terra-festival
En Guadeloupe, avec le naturaliste Alain Rousteau et la Béatrice Ibéné, vétérinaire / France Inter
Destination la Guadeloupe ce matin, dans la forêt tropicale au pied du volcan de la Soufrière, à l'occasion du Terra Festival. Denis Cheissoux a rencontré Alain Rousteau, naturaliste et Béatri...
Béatrice Ibéné, vétérinaire naturaliste aura plaisir à échanger avec le public lors de ces 3 trois temps forts :
- Guadeloupe, route du corail de Teddy Albert
- Fouler la terre jusq'au bout du Monde de Jean-Francois Wygas
- Une vie de grand Rhinolophe de Tanguy Stoecklé
- Attaque de requin à la Réunion de Rémy Tézier
- Chlordécone, poisson durable de Thierry Dérouet et Cécile Everard
- Pollution des sols, le scandale caché de Sarah Oultaf
L'ASFA tiendra un STAND au VILLAGE DU TERRA à la médiathèque du Lamantin le Samedi 18 Avril de 9 h à 18 h 00 : nous vous y attendons nombreux !
programme TERRA 2015 fichier PDF
Feuilletez le programme du Terra Festival 2015
Dans le cadre de son étude sur les Reptiles rares de l'Archipel guadeloupéen, L'ASFA a accueilli deux stagiaires étudiants en licence Science de Terre et de l'Environnement à l'Université des Antilles. Au cours d'une journée consacrée à leur formation sur l'île de Terre-de-Bas des Saintes, un travail d'enquête auprès des habitants nous a permis d'envisager sérieusement la présence d'une population de scinques sur l'île.
Aussi, nous sommes revenus sur l'île quelques jours plus tard pour tenter de vérifier ces informations. Malgré de longues recherches dans la zone désignée, nous n'avons pu observer un seul scinque sur le terrain. Notre enquête nous a toutefois menés chez un habitant qui détenait un scinque, trouvé dans son jardin et qu'il conserve dans une bouteille de rhum ! L'observation de ce spécimen nous fait le rattacher de façon certaine au genre Mabuya .
Cet habitant de Terre-de-Bas nous a confirmé que l'espèce était encore assez courante dans cette région de l'île il y a 5 ans, période à laquelle le spécimen a été collecté.
Preuve est ainsi faite de la présence d'une espèce de scinque Mabuya sp sur Terre-de-Bas. Reste à savoir si elle est proche ou identique à celle découverte en novembre 2014 sur l'île voisine de Terre-de-Haut (B. Angin & R. Gomès, 2015).
La possibilité d'une nouvelle espèce du genre Mabuya pour le banc des Saintes n'est donc pas à exclure et demande, au vu des forts enjeux de conservation de ce genre en Guadeloupe, à être objectivée rapidement par une étude moléculaire. Une estimation de l'état de cette population est également à réaliser urgemment.
A suivre donc !
R. Gomès et B. Ibéné
Nous remercions chaleureusement les habitants des Saintes pour leur accueil chaleureux et leurs précieux témoignages. En particulier Eric, Véronique, Gislaine et Claude.
L’un de nous (Baptiste Angin) a eu l'heureuse surprise d’observer un scinque en novembre sur l'île de Terre-de-Haut aux Saintes.
Aussi, une nouvelle prospection a été programmée deux semaines plus tard. Et ce ne sont pas moins de 5 individus différents qui ont pu être observés et photographiés. Ce, sur une superficie d’à peine 1 200 m2 ! En revanche, des recherches complémentaires alentours n’ont pour l’instant pas permis de mettre en évidence d’autres noyaux de population.
Si cette découverte a de quoi ravir autant les scientifiques naturalistes, c’est que les scinques sont devenus très rares en Guadeloupe !
Les scinques étaient sans doute autrefois communs et répandus sur l'ensemble des îles de notre archipel. Malheureusement, c’était avant. Avant l’introduction de redoutables prédateurs auxquels les scinques n’avaient jamais été confrontés au cours de l’évolution naturelle : mangoustes, chats errants, rats noirs, poules, … Avant la dégradation continue de leurs habitats naturels notamment par les déboisements étendus, le surpâturage par les petits ruminants - nombreux en divagation sur les îlets et îles du sud -, et l’usage excessif des pesticides.
On présume que les scinques ont disparu de Grande-Terre, Basse-Terre, de Marie-Galante. Et plus récemment, de l'îlet Cochon.
Actuellement, les seules populations connues encore existantes sont celles des îles de la Désirade et de Petite Terre (Breuil, 2002; Lorvelec et al. 1998 ; Lorvelec 2011 ; Hedges & Conn, 2012 ; Pare & Lorvelec, 2012 ; Gomès & Ibéné, 2013).
Historiquement la présence de scinques aux Saintes n'avait jamais été prouvée. On retrouve dans la littérature une seule mention pour Terre-de-Bas faite par Schwartz (1967) mais cette donnée a été considérée comme erronée jusqu'alors par les herpétologues contemporains (confusion avec Terre de Bas de Petite Terre). Depuis, alors que les Saintes constituent des îles souvent visitées par des naturalistes, aucun scinque n’y avait été observé et aucun témoignage d’habitant n’en avait fait état.
Néanmoins, il était permis d’espérer sa présence car ces îles sont exemptes de mangoustes, le plus redoutable prédateur de l’herpétofaune antillaise. Ce sont d’ailleurs les dernières îles de l’Archipel guadeloupéen où les couresses (couleuvres) y sont encore assez communes. Alors que les autres couleuvres de la Guadeloupe ont disparu ou sont en danger critique d’extinction : la Petite Couresse, (Erythrolamprus juliae , ex Liophis juliae) et la Grande Couresse de Guadeloupe (Alsophis antillensis), la Couresse des Saintes (Alsophis sanctonum), respectée par la plupart des habitants, elle, ne semble pas en danger d'extinction, tout au moins à Terre-de -Bas.
Quelques temps après, lors d'une nos prospections sur Terre-de-Bas dans le cadre de l’étude que mène L’ASFA sur les Reptiles rares de l'Archipel guadeloupéen, nous avons pu obtenir une preuve de la présence de l'espèce sur cette île ! En effet, un habitant conserve un spécimen prélevé dans son jardin il y a 5 ans.
Mais là, plusieurs autres séances de recherche sur le terrain ont été infructueuses. Ce qui nous fait craindre que ce noyau de population soit déjà au bord de l’extinction.
Pour ces deux îles, ces données sont les premières mentions de la présence de scinques sur l'archipel des Saintes. Bien que l’observation des scinques est réputé difficile, l’absence de données sur ces îles malgré le passage d’un grand nombre de naturalistes, laisse à penser que ces populations sont très localisées, en faible effectif, et par conséquent, menacées de disparition.
Maintenant que la présence du Scinque est avérée sur les îles des Saintes, reste à en déterminer l’espèce. Il s'agit là d'un autre problème.
En effet, dans un passé récent, toutes les populations de scinques en Guadeloupe comme dans une grande partie des Petites Antilles faisaient partie de la même espèce Mabuya mabouya (Lacépède, 1788). En 2012, des scientifiques herpétologues américains, Hedges et Conn, ont proposé une nouvelle classification du genre basée pour la Guadeloupe sur l’analyse morphologique de quelques individus. Ils proposent ainsi de scinder les populations guadeloupéennes en cinq espèces : Mabuya desiradea pour l'île de La Désirade et les îlets de Petite Terre, Mabuya cochonae pour l'Ilet Cochon, Mabuya grandisterrae pour l'île de Grande-Terre, Mabuya guadeloupae pour l'île de Basse-Terre et Capitellum mariagalantae pour Marie-Galante.
Ainsi l'isolation géographique des îles aurait donné naissance à une espèce à part entière sur chaque île. Nous nous retrouverions en Guadeloupe avec 5 nouvelles espèces endémiques (de chaque île). Et 4 d’entre elles auraient disparu !
La dernière en date, celle de l'îlet Cochon (petite île de 25 hectares située dans le Petit Cul-de-Sac Marin) n'a pas été retrouvée malgré plusieurs prospections (Breuil, 2002 ; AEVA, com. pers. 2013 ; L'ASFA, 2014). L'hypothèse la plus plausible de sa disparition est la prédation par la population férale de chats implantée sur l’îlet (abandons délibérés ou en relation avec les habitations sur l'île). Si l’espèce y subsiste, elle serait en danger critique d’extinction.
Pour les Scinques des Saintes, les observations de terrain et l'analyse des photographies prises confirment leur appartenance au genre Mabuya. En revanche, il nous est aujourd'hui impossible de déterminer de quelle espèce il s'agit par la simple observation des caractères morphologiques.
Est-ce une des 5 espèces décrites par Hedges et Conn en 2012 ? Est-ce l’espèce connue à la Dominique ? Est-ce l’espèce mère Mabuya mabuya ? Est-ce une espèce commune à toutes les îles de l’Archipel guadeloupéen ? Ou alors, est-ce une nouvelle espèce pour la science qui serait endémique du banc des Saintes, la 6ième espèce de scinques de la Guadeloupe ?
Il faut relever que l'herpétofaune des Saintes montre que ses représentants sont pour la plupart, des espèces à part entière, différentes de celles du "continent". C’est le cas pour la Couresse des Saintes (Alsophis sanctonum), le Sphérodactyle des Saintes (Sphaerodactylus phyzacinus) et l’Anolis des Saintes (Ctenonotus terraealtae). Toutes ces espèces sont endémiques aux Saintes. Autrement dit, elles sont présentes aux Saintes et nulle part ailleurs au monde !
Le juge de paix sera sans doute la génétique. Afin de préciser la taxinomie des scinques des Saintes, nous projetons donc de mener une étude moléculaire avec le concours d’un spécialiste français de la phylogénie des scinques en partenariat avec les services de l'Etat.
Quoi qu’il en soit, l’avenir des populations de scinques des Saintes est très incertain. Des menaces sur les habitats où subsistent des individus sont identifiées et il y a urgence à les réduire drastiquement.
Parmi les mesures qu’il conviendrait d’ores et déjà de mettre en œuvre on peut citer :
Il va sans dire que tout projet d’aménagement dans ces zones devra scrupuleusement prendre en compte les populations de scinques.
Baptiste Angin, Régis Gomès et Béatrice Ibéné
Scinques de la Désirade (Mabuya desiradea) photographié à Petite Terre en haut (R. Gomès) et à la Désirade (B. Ibéné
Les scinques sont des lézards terrestres de taille moyenne de 20 à 25 centimètres queue comprise, plus gros que les Anolis mais plus petits que les jeunes iguanes. Ils peuvent être confondus avec d’autres lézards terrestres, les gymnophtalmes qu’on appelle « chauffé soley». Mais ils sont plus grands, plus épais, de couleur plus claire et montrent une bande foncée sur les flancs.
On reconnaît les scinques à leur corps presque cylindrique et brillant. Leur queue est plus longue que le corps. Ils présentent une couleur bronze métallique sur le dessus et les flancs. Une ligne noire caractéristique partant des narines traverse les yeux puis les flancs et s’estompe au niveau des pattes arrières. Le dessous du corps est crème.
Selon l’exposition, et la réflexion de la lumière ils apparaissent de couleur dorée ou cuivrée. Raison pour laquelle ils sont appelés par certains « lézards dorés ». D’autres dans les îles du nord où existe un autre genre, leur préfèrent le nom de « couleuvre batarde » car ces lézards ont de courtes pattes et ne sont pas très visibles lorsqu’ils s’enfuient. Leurs grands yeux et leur regard très expressif captent l’attention de l’observateur.
L’observation des scinques est difficile. Elle requiert beaucoup de patience et une grande discrétion. Ce sont des animaux plutôt farouches et qui ne sortent qu’aux heures les plus chaudes de la journée.
Les scinques consomment des insectes qu’ils chassent essentiellement au sol, dans la litière, les chaos rocheux, …. Ils peuvent également rechercher leurs proies en prospectant le long des troncs d’arbre ou dans entrelacs de racines aériennes.
Une caractéristique des scinques assez originale dans la classe des reptiles est leur reproduction vivipare. Les femelles donnent directement naissance à des jeunes, contrairement à la plupart des reptiles qui pondent des œufs.
Les gymnophtalmes sont aussi des lézards terrestres brillants qui sortent au plus chaudes heures de la journée (10-15h). On les appelle "chauffé soley".
Le Gymnophtalme d'Underwood (Gymnophtalmus underwoodi) est une espèce exotique en pleine expansion en Guadeloupe. Il est devenu très commun à la différence de nos scinques endémiques, rares et très localisés.
Il est plus petit que nos scinques : 6-8 cm maximum. De couleur bronze, les gymnophtalmes brillent au soleil mais sont dépourvus de la bande noire latérale caractéristique des scinques. Ils ont les pattes très courtes et se déplacent en serpentant au sol sur la litière.
gymnophtalmes d'Underwood appelés "chauffé soley". A ne pas confondre avec les scinques. (Photos : R. Gomès (h); K.Questel (b))
Breuil M., 2002. Histoire Naturelle des Amphibiens et Reptlies tesrrestres de l'archipel Guadeloupéen. Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélémy. Patrimoines Naturels, 54 : 339 p.
Notes