Les oiseaux constituent la classe de vertébrés terrestres la mieux représentée dans l'Archipel guadeloupéen.
La dernière liste d'oiseaux établie d'après les observations de plusieurs ornithologues compte 243 espèces dont 70 nicheuses. Il s'agit d'oiseaux sédentaires, de nicheurs non sédentaires, de migrateurs réguliers, et des espèces accidentelles ou erratiques. Cette liste comptabilise également plusieurs espèces introduites (échappées de volières) et naturalisées.
- Les espèces sédentaires
Le peuplement avien de l'Archipel s'est fait selon une voie du sud, celle du continent sud-américain, et une voie du nord, celle des Grandes Antilles et de l'Amérique centrale. Les espèces sédentaires ont donc des affinités biogéographiques avec l'avifaune de ces régions.
La région antillaise n'a pas une diversité spécifique aussi riche que les autres régions du « Nouveau Monde ». En effet, comme le souligne Jean Dorst (in Pinchon) seul un nombre restreint d'espèces ont pu parvenir aux îles car « l'isolement et l'insularité ont entraîné un sévère filtrage » . L'arc antillais est donc propice à l'endémisme : sur les 70 espèces sédentaires des Petites Antilles 33 y sont endémiques.
L'Archipel guadeloupéen possède avec la Martinique et la Dominique le plus grand nombre d'espèces sédentaires (une cinquantaine) des îles des Petites Antilles. La Guadeloupe héberge 13 espèces endémiques des Petites Antilles (3 d'entre elles étendent leur aire de répartiion à porto Rico et aux îles vierges). Elle compte une espèce endémique stricte, le Pic de la Guadeloupe, et 15 sous-espèces endémiques.
Répartition des 13 oiseaux endémiques des Petites Antilles présents en Guadeloupe
nom français |
nom latin |
nom créole |
N d'îles |
Melanerpes herminieri |
toto bwa, tapè, |
1(end) |
|
Paruline caféiette |
Dendroica plumbeus |
caféiette, tic-tic |
2 |
Moucherolle gobe-mouches |
Contopus latirostris |
gobemouche, tobé lévé |
3 |
Saltator gros bec |
Saltator albicolis |
grive gros bec |
4 |
Martinet chiquesol |
Chaetura martinica |
petit martinet noir |
4 |
Cichlherminia lherminieri |
grive pieds jaunes |
4 |
|
Tyran janneau |
Myiarchus oberi |
siffleur huppé |
6 |
Moqueur grivotte |
Margarops fuscus |
grive fine |
9 |
Trembleur brun |
Cinclocerthia ruficauda |
grive trembleuse, cocobino |
9 |
Colibri madère |
Eulampis jugularis |
falle rouge |
11 |
*Colombe à croissant |
Geotrygon mystacea |
perdrix croissant |
12 |
°Colibri falle vert |
Eulampis holosericeus |
falle vert |
12 |
°Colibri huppé |
Orthorhiyncus cristatus |
fou-fou |
16 |
Légende :
N* : Nombre d'îles des Petites Antilles où l'espèce est présente (sur 18).
end : endémique .
* : extension aux îles vierges , très rare à Porto Rico
° : extension à Porto-Rico et aux îles Vierges.
Parmi les espèces sédentaires, nous incluons les espèces présentes toute l'année sur la Guadeloupe même si elles ne s'y reproduisent pas, comme par exemple la Frégate superbe (Fregata magnificens) nicheuse à Barbuda, ou la sous-espèce de Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus ridgwayi) nicheuse à Cuba et Sainte-Lucie.
- Les espèces nicheuses non sédentaires
Ce sont des espèces qui ne sont pas présentes toute l'année sur l'Archipel mais qui y viennent pour nicher. Il s'agit surtout des oiseaux de mer : phaétons, sternes, puffins,...soit une dizaine d'espèces.
Phaéton à bec rouge ou grand paille en queue qui ne fréquente la Guadeloupe que pour y nicher, le reste du temps il vit au large
C'est aussi le cas de certains oiseaux migrateurs qui nichent dans la région et semblent migrer ensuite dans le Sud comme l'Hirondelle à ventre blanc ou hirondelle des Antilles (Progne dominicensis) ou le Gros martinet noir (Cypseloides niger).
- Les espèces migratrices régulières
L'arc antillais représente un axe de migration important pour nombre d'oiseaux nord-américains qui passent l'hiver aux Antilles (espèces hivernantes) ou y font escale avant de gagner l'Amérique du Sud. Certains reprennent cette même voie au retour, mais, souvent « pressés de regagner leur véritable patrie », ils s'attardent moins longtemps qu'à l'aller sur l'Archipel guadeloupéen. Les autres oiseaux migrateurs coupent en diagonale la mer des Caraïbes pour rejoindre directement l'Amérique du Nord.
Certains individus migrateurs affaiblis, blessés ou immatures, peuvent rester estiver en Guadeloupe.
Une soixantaine d'espèces migratrices régulières enrichissent ainsi l'avifaune indigène de la Guadeloupe.
Ce sont surtout les oiseaux inféodés aux zones humides : de nombreux limicoles, des Anatidés, des Ardéidés (hérons, aigrettes) ou encore le Martin-pêcheur d'Amérique (Megaceryle alcyon)
martin pêcheur d'amérique migrateur régulier sur nos zones humides
Plusieurs espèces terrestres visitent aussi régulièrement l''Archipel : des passereaux nord-américains (dont une quinzaine d'espèces de parulines), des rapaces (le Faucon émerillon - Falco columbarius, le Faucon pèlerin - Falco peregrinus, la sous-espèce migratrice de Balbuzard pécheur - Pandion haliaetus carolinensis), ), l'Engoulevent d'Amérique (Chordeiles minor), le Coulicou bec jaune (Coccyzus americanus).
- Les espèces erratiques ou accidentelles
Une soixantaine d'espèces erratiques ou accidentelles peuvent se trouver en Guadeloupe. Il s'agit notamment d'oiseaux déviés de leur route habituelle de migration.
Ces visiteurs occasionnels sont plus fréquemment observés lors de perturbations climatiques. Citons par exemple, la Barge marbrée (Limosa fedoa), la Spatule rosée (Platalea ajaja), ou le bel bis falcinelle (Plegadis falcinellus)
Ibis falcinelle accidentel très raremet en visite chez nous (étang castaing Ste Anne)
- Les espèces introduites :
Ce sont des échappés de volières, principalement des Estrildés (capucins, astrilds..) et des Psittacidés (perruches, conures, amazones).
Parmi une trentaine d' espèces exotiques moins d'une diziane se sont naturalisées (devenues nicheuses) dont la Tourterelle turque (Streptopelia decaocto) devenue très commune et invasive en Guadeloupe. Elle rentre en compétition avec la tourterelle " locale" à queue carré et peut lui transmettre de maladies comme la trichomonose (épidémie constatée depuis plusieurs mois en Guadeloupe).
Tourterelle turque, espèce introduite naturalisée et en pleine expansion même dans les milieux naturels de la Guadeloupe
Crédits photos : Pierre Garnier, Béatrice Ibéné
Sources :
- AEVA, 2005 (Levesque A., Villard P., Barré N., Pavis C. & Feldmann P., ). Liste des Oiseaux des Antilles françaises. Rapport n°29 de l'Association pour l'Etude et la protection des Vertébrés et végétaux des petites Antilles (AEVA). Petit-Bourg, Guadeloupe, juillet 2005
- Leblond, G. Les oiseaux marins nicheurs de Guadeloupe, de St Martin et St Barthélemy. 2003. BIOS/DIREN.
-BÉNITO-ESPINAL, E. - La Faune I. – In La grande encyclopédie de la Caraïbe. - Italie, Sanoli éd., 1990. Tome 3, 205p.
-BÉNITO-ESPINAL, E., & HAUTCASTEL, P. - Les oiseaux menacés de Guadeloupe et de Martinique. - In : Liste rouge des oiseaux menacés d’Outre Mer. – Saint-Cloud, C.I.P.O., 1988. Monographie n°5, 37-54
-PINCHON, R. - Faune des Antilles Françaises : les oiseaux. - 2ème éd. Fort de France, Compte d’auteur, 1976.- 325p.
- FELDMANN, P. & PAVIS, C.- L’Avifaune des étangs de l’Est de Saint-Martin : observation en période de migration (novembre 1994). Rapport AEVA, 1995, 4, Petit-Bourg, Guadeloupe, 12p